Il y a quarante-sept ans, le 9 octobre 1978, l’auteur, compositeur et interprète belge Jacques Brel mourrait des suites d’une embolie pulmonaire à l’hôpital de Bobigny, près de Paris. Quelques semaines avant son départ, le chanteur avait été informé d'une récidive de son cancer du poumon.
Âgé de seulement 49 ans à son décès, Jacques Brel avait signé des titres incontournables du répertoire en langue française, comme Ne me quitte pas, Quand on n'a que l'amour, la valse à mille temps, Amsterdam ou La chanson des vieux amants. Mais il était également, lorsqu’il quittait la scène, un mari et un père.
© BestImage, Michel Ristroph via Bestimage
Si l’artiste n’a jamais caché ses relations extra-conjugales, avec Annie Girardot, Danièle Evenou et avec sa dernière maîtresse, l'actrice et danseuse guadeloupéenne Maddly Bamy, il n’a pour autant jamais divorcé de Thérèse Michielsen. Surnommée Miche, cette dernière avait épousé Jacques Brel en 1950, alors qu’il était inconnu du public et travaillait à la cartonnerie familiale. Discrète secrétaire bruxelloise, Miche choisit de rester à l’abri des flashs des photographes, elle accepta les infidélités de Jacques Brel et donna naissance à leurs trois filles : Chantal en 1951, France en 1953 et Isabelle en 1958.
Jacques Brel : la carrière aux antipodes du showbiz de sa plus jeune fille Isabelle
Pendant que Jacques Brel partait briller dans la lumière aux quatre coins de France… sa femme Miche s’occupait ainsi, en Belgique, de leurs enfants. "Depuis qu’il est chanteur, j’ai décidé de passer inaperçue", précisait-elle à France Dimanche au sujet de sa place dans l’ombre, avant d’ajouter dans ce même entretien retranscrit en 2018 : "Je devais rester à la maison (…) Il fallait bien que l’un de nous deux veille sur nos filles, Chantal, France et Isabelle. Elles allaient au lycée à Bruxelles (…) Jacques n’avait pas le temps de s’occuper d’elles."
Principalement élevée par sa mère donc, Isabelle, la benjamine de Jacques Brel, s’est construite loin du showbiz et des amis connus de son père, à l'instar de Lino Ventura que Jacques Brel avait connu sur le tournage du film L'Aventure, c'est L'Aventure de Claude Lelouch en 1971.
Après des études pour être secrétaire médicale, Isabelle Brel a travaillé deux ans en milieu hospitalier, en périphérie de Bruxelles, avant de faire le choix de s’exiler en pleine nature. Son amour des chevaux, présent depuis toute jeune : "J’ai commencé l’équitation vers 14 ans", confiait-elle en 2009 à Le28.tv, l’a alors mené à ouvrir une écurie privée sur un terrain de deux hectares en Belgique.
© Facebook, Isabelle Brel
En quête de plus d’espace pour nourrir ses rêves équestres, Isabelle Brel migra ensuite dans le Perche français, à Mesnil-Thomas près de Senonches plus exactement, pour bâtir de zéro un centre d'élevage de Quarter horse, une race de chevaux, originaires des États Unis, sélectionnés pour leur rapidité sur des courses. Nommé le Oakland Reining Horses, ce nouveau projet équestre s'étalait sur un terrain conséquent de quinze hectares.
Après avoir construit ce ranch en 2004, où elle a géré une trentaine de chevaux et a vu grandir ses deux filles et son fils Julien, devenu cavalier à son tour, Isabelle Brel s’est sentie rappelée par sa fibre médicale et s'est avouée lassé par cette rude vie d'éleveuse. "C’est un métier ingrat, c’est du 7 jours sur 7, 24 heures sur 24, on n’a pas de vacances, il faut être omniprésent pour les chevaux… ce n’est pas simple", précisait la benjamine des trois filles de Jacques Brel, toujours sur la web tv d’Eure-et-Loir.
Isabelle Brel, pour qui son père avait écrit la chanson Quand Isabelle dort, a tenu onze années à ce rythme avant de vouloir changer de vie et de quitter le monde des chevaux en mettant en vente le Oakland Reining Horses.
Jacques Brel : sa fille Isabelle désormais bénévole en soins palliatifs auprès de patients en fin de vie
Interrogée en 2016 par le journal l’Echo Républicain, Isabelle Brel expliquait quitter la France pour retourner au Plat Pays afin de travailler bénévolement en soins palliatifs, dans une clinique de Bruxelles. Elle affirmait également dans cette interview avoir reçu une "solide formation de volontaire en soins palliatifs, en étroite collaboration avec un psychologue".
Si Isabelle Brel a fait ce choix de revenir dans le milieu médical, au chevet des malades, c’est peut-être en hommage à son père. Si elle n’a pas pu être auprès de lui durant ses derniers instants, elle tenait aujourd’hui à honorer l’une des philosophies de vie de l’artiste : "C’est bien d’avoir plusieurs vies dans une vie quand on a la possibilité de le faire. Papa disait : 'Vivre, c’est pas sérieux'. Il faut donc profiter des choses jusqu’au bout."
© Facebook, Isabelle Brel
Isabelle Brel a connu le deuil de son père mais également celui de sa sœur aînée, Chantal, décédée le 4 janvier 1999 en Ardèche, à l'âge de 47 ans et laissant derrière elle quatre enfants. Sa chère mère, la dévouée Thérèse Michielsen, s’est elle-aussi éteinte en 2020 à 93 ans. La plus jeune des enfants Brel, désormais orpheline, révélait à l’Echo Républicain ne plus craindre la mort, d’où sa reconversion : "La mort ne m’effraie pas. Je suis passionnée par ce contact avec la personne en fin de vie (…) Quand on fréquente les services de soins palliatifs, on relativise les choses. On se dit : 'La vie est un cadeau'."
Celle qui précisait au journal se sentir chez elle dans un hôpital, autant que dans un centre équestre ou dans un aéroport, n'a pas hésité à louer la longueur d'avance de son pays d'origine sur la question de la fin de vie : "La Belgique est plus avancée que la France en matière d’euthanasie. Elle est encadrée et légalisée." A noter que depuis cette prise de parole, l’Assemblée nationale française a adopté en mai 2025 la proposition de loi créant un droit à l’aide à mourir.
De son côté, la soeur d'Isabelle, France Brel s'est donnée pour mission de gérer la Fondation Brel, située à Bruxelles, elle a signé deux films qui retracent la vie de son défunt père et a récemment revendu la gestion de son patrimoine musical. S'il avait survécu, Jacques Brel aurait été le grand-père de neuf petits-enfants, dont l'un d'eux suit aujourd'hui sa trace en tant qu'artiste, en devenant acteur dans la série Un si grand soleil.
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