Le réalisateur français d'origine grecque Nico Papatakis est décédé à l'âge de 92 ans, le 17 décembre, à Paris. Artiste anticonformiste, il a marqué le cinéma et le monde des arts en général par des oeuvres fortes, nourries par sa vision puissante du monde. Il a été marié à l'actrice Anouk Aimée de 1952 à 1954, avec qui il a eu une fille, Manuela, en 1951, et a également fréquenté la chanteuse Nico.
Né en Ethiopie à Addis Abeba en 1918, Nico Papatakis a été soldat dans ce pays puis s'est exilé au Liban, ensuite en Grèce, et finit par s'installer à Paris. Dans la capitale française, il croise le chemin de nombreux intellectuels comme Jean-Paul Sartre, André Breton, Jacques Prévert et une amitié naît avec l'écrivain contestataire Jean Genet, dont il produit Un chant d'amour en 1950. Réalisateur navigant dans des univers divers, il crée le cabaret La Rose Rouge, tremplin d'artistes comme Juliette Gréco.
Quittant la France en 1957 pour New York, il rencontre le mannequin Christa Päffgen. Celle-ci lui emprunte son prénom, Nico, et deviendra l'égérie d'Andy Warhol et du Velvet Underground. Le cinéma habite toujours Papatakis et il produit Shadows de John Cassavetes en 1959.
Cinéaste audacieux à qui l'on doit Les Abysses ou encore Les Bonnes, inspiré de l'histoire vraie des soeurs Papin et qui fit scandale à Cannes, Papatakis se distingue comme un artiste engagé et puissant. Epoux de l'actrice grecque Olga Karlatos, il se tourne vers la politique en s'opposant à la dictature des Colonels qui sévit en Grèce. En 1975, son film Gloria Mundi évoquant la torture en Algérie montre une nouvelle fois son engagement. C'est en 1991 qu'il offre sa dernière réalisation, Les Equilibristes, portrait de Jean Genet incarné par Michel Piccoli.