Le Grand Journal : Cette fois, c'est fini !

"Clap de fin pour Le Grand Journal", titrent nos confrères du Point qui révélaient, ce vendredi 3 juillet en début de soirée, que Le Grand Journal de Canal+ ne reviendra pas à la rentrée de septembre. Une décision surprenante de la part de la chaîne cryptée ? Oui, si l'on s'en tient aux annonces de Canal qui avait officialisé le retour d'Antoine de Caunes pour une troisième saison. Pourtant, voilà déjà plusieurs saisons que la chaîne s'inquiète du déclin constant des audiences de son programme. Malgré les nombreux aménagements pour reconquérir les fidèles, la rédaction du Grand Journal n'aura pas su redresser la barre.

Cette annonce intervient alors que nous apprenions il y a 24 heures la reconduction des Guignols de l'Info la saison prochaine, après moult démêlés. Vincent Bolloré, propriétaire de la chaîne cryptée, a finalement fait marche-arrière, cédant à la pression médiatique et politique. C'est ce qu'a annoncé le patron de Vivendi, lors d'une réunion du comité de groupe. Michaël Youn, Valérie Damidot, Alain Juppé, ou encore Cécile Duflot se sont tous mobilisés, tandis que le président de la République François Hollande, en personne, a statué en faveur de "ce droit à la caricature qui fait partie du patrimoine", a-t-il annoncé. Le Grand Journal n'aura pas eu cette chance. Il sera donc remplacé à la rentrée prochaine, après 11 saisons à l'antenne.

Une émission coûteuse

A l'heure où Le Petit Journal rencontre un succès franc et massif, la question de la rentabilité du Grand Journal était soulevée au printemps dernier. Générant autant de rentrées publicitaires que Le Grand Journal d'Antoine de Caunes pour une durée moindre, Le Petit Journal affiche une rentabilité à la minute bien supérieure. De plus, Le Petit Journal séduit des annonceurs plus prestigieux grâce à ses 12% de part de marché sur les CSP+ (catégories socio-professionnelles supérieures), contre 9,6% pour Le Grand Journal. D'autant le coût de production de ce dernier est colossal : nos confrères de Métronews l'évaluent entre 100 000 et 150 000 euros par émission.

Canal en crise

La décision d'arrêter cette institution du petit écran a été prise alors que Canal+ connaît une véritable crise comparable à celle qu'elle vivait en 2001, marquée par les départs de Pierre Lescure et du regretté Alain de Greff. Cette semaine, Pierre Lescure - échaudé par la possible déprogrammation des Guignols - a démissionné du conseil d'administration d'Havas (propriété de Vincent Bolloré), tandis que nous apprenions par l'AFP que le conseil de surveillance du groupe Canal+, réuni vendredi, a mis fin aux fonctions du directeur général du groupe Canal+, Rodolphe Belmer, après deux ans et demi en poste. Il sera remplacé par Maxime Saada, jusqu'à présent directeur général adjoint.

Joachim Ohnona