






Comment oublier un tel drame ? Dans la nuit du 26 au 27 juillet 2003, dans la chambre d'hôtel du Domina Plaza à Vilnius en Lituanie - où Marie Trintignant tourne le film Colette, une femme libre - la comédienne est rouée de coups par Bertrand Cantat qui décide de ne pas appeler les secours. Marie Trintignant meurt le 1er août 2023. Presque 22 ans après, Netflix sortira le 27 mars prochain, De rockstar à tueur, le cas Cantat, réalisé par Zoé de Bussierre, Karine Dusfour, Anne-Sophie Jahn et Nicolas Lartigue. Anne-Sophie Jahn a accordé une interview à Vanity Fair dans laquelle elle revient sur cette affaire, et notamment la façon dont elle a été traitée à l'époque.
Plusieurs dizaines de personnes ont été interrogées dans ce film, dont des proches de Bertrand Cantat et de Marie Trintignant. Et une voix parmi elles a une résonance particulière. Il s'agit de celle Richard Kolinka, batteur du groupe Téléphone et père de Roman, fils de Marie Trintignant - la défunte star avait trois autres garçons, Paul, dont le père est François Cluzet, Léon dont le père est le technicien de cinéma Mathias Othnin-Girard et Jules, né de sa romance avec Samuel Benchetrit.
Comme le souligne le journal, le rockeur a témoigné dans ce film et n'a pas caché son aversion envers Bertrand Cantat. "Ce que j'aurais aimé, c'est qu'on n'entende plus jamais parler de ce mec", déclare-t-il. Des propos que la co-réalisatrice commente : "Il parle pour lui-même, avec ses tripes et je pense que c'est important de l'inclure dans cette série documentaire, cela montre que les violences conjugales ne touchent pas que deux personnes. C'est encore une idée reçue très forte aujourd'hui et qu'il faut absolument démonter, parce que c'est une question de vie ou de mort." Et de poursuivre : "Les violences conjugales, ce n'est pas un crime intime derrière la porte de la chambre à coucher. Ça touche énormément de gens. Quand une femme est tuée sous les coups de son compagnon, ça crée une souffrance bien plus large que sa victime, celle de sa famille, de son entourage, de ses amis. C'est vraiment tout un cercle qui va être traumatisé à vie. Cette parole de Richard Kolinka exprime aussi vraiment à quel point la souffrance va toucher des générations, pendant des décennies. C'est pour ça qu'il faut absolument libérer la parole autour des violences. Plus on parlera, plus on pourra vraiment les prévenir. Donc il faut absolument en parler, écouter la voix de tous ceux qui ont été touchés."
Les autres hommes de la vie Marie Trintignant sont sur la même lignée que Richard Kolinka - ils ne veulent plus entendre parler de celui qui a tué la mère de leur fils. En 2015, dans l'émission Thé ou Café, François Cluzet avait pour sa part déclaré : "Je ne pardonnerai jamais qu'on ait tué Marie. (...) Je ne pardonne pas aux gens qui frappent les femmes, qui les tuent. Et à Paris Match, quelques années plus tard : "J'ai promis à Paul que je ne m'étendrais pas plus sur le sujet, confie François Cluzet à Paris Match. Il faut comprendre qu'à chaque fois qu'on parle de celui qui a tué leur mère, c'est à nouveau un coup de poignard pour ses quatre enfants."
En 2018, Samuel Benchetrit avait pour sa part fait part de sa colère sur le plateau de LCI. Après la parution d'une lettre de Bertrand Cantat qui, contraint d'annuler une tournée - le voir revenir sur scène a été très mal acceuilli - avait fait savoir qu'il estimait "avoir payé sa dette", l'écrivain avait déclaré : "C'est un lâche, c'est un faible, c'est un type qui n'a pas de couilles. Il le démontre tout le temps. Ce type a tué de ses mains la mère de mon fils, il a tué la mère des frères de mon fils, il a enlevé une femme libre et extraordinaire à ses parents et aux gens qui l'aimaient et dont je fais partie." Un cri du coeur à la hauteur de la souffrance qu'a provoquée la mort de Marie.