






Le 15 octobre 2003 sortait au cinéma le film Janis et John de Samuel Benchetrit. Dans cette comédie, Marie Trintignant incarnait la chanteuse Janis Joplin, étoile partie trop tôt, à 27 ans à peine. Malheureusement, la fille de Jean-Louis Trintignant l’avait imitée près de trois mois plus tôt, rouée de coups à mort par Bertrand Cantat, chanteur du groupe de rock Noir Désir, dans une chambre d’hôtel lituanienne. Le jour de ses obsèques parisiennes, au cimetière du Père-Lachaise, se pressaient ses admirateurs et sa famille. Parmi celle-ci, Roman Kolinka, Jules Benchetrit, Léon Othnin-Girard et Paul Cluzet, ses quatre fils, alors âgés respectivement de 17 ans, 5 ans, 7 ans et 10 ans. Aujourd’hui, chacun poursuit sa route, et souvent dans le domaine artistique, comme leur maman Marie et leur grand-père, Jean-Louis, disparu en 2022.
Commençons par l’aîné de la fratrie, Roman Kolinka, 38 ans aujourd’hui. Fils de Richard Kolinka, le batteur du groupe Téléphone, il poursuit une double carrière de comédien et restaurateur. Sur les écrans, on a pu le voir pour la première fois en 1994 dans le film Rêveuse jeunesse de sa grand-mère, la réalisatrice Nadine Trintignant. Ont suivi des longs-métrages avec Vincent Trintignant (son oncle), Mia Hansen-Løve ou Olivier Assayas. En 2023, il était remarqué dans Toi non plus tu n’as rien vu, dans lequel jouaient Maud Wyler et Géraldine Nakache. Et, le 7 octobre 2024, dans la série de France 2 Disparition inquiétante.

Parallèlement, Roman a monté le restaurant La Famille sur la magnifique place aux Herbes d’Uzès, dans le département du Gard, où a longtemps vécu Jean-Louis et où Marie possédait une ancienne bergerie. Son “ardoise simple et directe”, comme l’explique le site de Gault et Milau, propose charcuteries, jambon espagnol, tartare et faux-filet frites. Le 5 octobre dernier, invité sur le plateau de l’émission Quelle époque ! sur France 2, Roman Kolinka expliquait le choix du nom de son établissement : "Tout le monde ici sait plus ou moins que je suis le petit-fils de Jean-Louis Trintignant. Je savais qu'on allait me poser dix-sept fois par jour la question 'Est-ce que vous êtes de la famille ?'. Donc on a appelé ça La Famille. Et dans la famille il y a ce truc du partage, on aime bien les moments à table. On aime bien boire, on aime bien manger."
Cette passion, il la partage avec son demi-frère, Léon Othnin-Girard, 28 ans, fils du technicien de cinéma Mathias Othnin-Girard. Le plus discret des enfants de Marie travaille également dans la restauration, comme l’a brièvement révélé sa grand-mère, Nadine, au cours d’une interview accordée à Gala en janvier 2022. Après avoir travaillé dans des établissements de Manosque (Alpes-de-Haute-Provence), Léon a suivi un BEP cuisine et se partage actuellement entre Paris et le sud de la France. Poète à ses heures, il poste régulièrement des textes de son cru sur Facebook. Morceaux choisis : “Je me pose des questions sur l’existence / Telle est ma pénitence /J’ai joué avec la bienveillance me voici sur le chemin de la potence.” Sur ce réseau, il s’élève aussi contre les violences policières et la déforestation.

Son demi-frère aîné, Paul Cluzet, 31 ans, partage sa discrétion. Le fils du comédien François Cluzet est né à Nîmes (Gard) et a vécu plusieurs années en Australie. En mars 2024, il a publié son premier roman, Bobby Nazebroque, aux éditions Grasset. “On m'a peut-être trop saoulé petit en me demandant si je voulais faire comme mon papa plus tard. Je pense que j'ai twisté dans un esprit de rébellion. Et puis ça ne m'attirait pas plus que ça. J'ai toujours préféré écrire”, a-t-il confié lors d’une interview pour le magazine Elle. Jean-Louis Trintignant avait lui-même lu un poème de Paul, Je dors à l’ouest, lors d’un enregistrement pour Radio France en janvier 2018.
Terminons par le second comédien de la fratrie, Jules Benchetrit, fils de Samuel. Présélectionné pour les César 2019 pour le film Au bout des doigts, il vient de réaliser un court-métrage et “écrit beaucoup et très bien” selon son père. On l’a vu dans les séries télévisées 9.3 BB et Bardot. Réalisateur de Au bout des doigts, Ludovic Bernard a estimé, dans les colonnes d'Allociné, que Jules “possède tout à la fois une violence qu'il met dans son interprétation et une désinvolture incroyable". Des propos qui feraient le bonheur de Marie si elle était encore là. Elle avait en bas du ventre un tatouage en forme de soleil avec quatre rayons au bout desquels étaient inscrits les quatre noms de ses fils. Eux se sont fait tatouer “Maman” ou “Marie” sur leur poitrine ou leur épaule. Un hommage qu'ils auront à tout jamais dans la peau.