






Lors du dernier tournoi de Roland-Garros, les téléspectateurs de France Télévisions n’ont pas entendu la douce voix teintée d’accent américain de Mary Pierce. Depuis 2017, l’ancienne championne intervenait pourtant aux côtés du journaliste Laurent Luyat sur la terrasse du court Philippe Chatrier. Mais, à en croire le quotidien L’Équipe, Mary s’est montrée trop gourmande financièrement et France Télévisions lui a préféré sa consœur Alizé Cornet.
L’affaire a eu peu d’incidence pour Mary Pierce qui a gagné dix-huit titres en simple (dont deux tournois du Grand Chelem) dans sa carrière et mène une vie simple sur l’île Maurice depuis quinze ans. Elle a découvert ce petit paradis à ce moment-là, comme elle l’a confié il y en 2023 au Quotidien de la Réunion. “C’est une amie qui me l’avait faite découvrir à l’époque alors que j’étais chrétienne depuis cinq ans. J’y suis allée et je suis tombée amoureuse d’une super qualité de vie. L’île Maurice est très jolie et les Mauriciens sont vraiment très gentils.” Mais pourquoi partir habiter là-bas ? “Pour rejoindre l’église qui s’y trouvait, tout simplement”, a ajouté Mary.
Car depuis le début des années 2000, un homme compte plus que tout dans la vie de la Franco-Américaine : Jésus. “Quand Jésus est venu habiter dans mon cœur, je suis née de nouveau”, déclarait-elle il y a quelques années au Monde. “Malgré tout le succès, j’avais le sentiment qu’il manquait quelque chose à ma vie, je ressentais un vide, poursuivait la dévote. Je me suis rapprochée d’une fille sur le circuit, l’Américaine Linda Wild, qui avait quelque chose de différent. Son discours sur Jésus m’a parlé. J’ai su que c’était ça que je recherchais.” Pierce date le début de sa foi du tournoi américain d’Indian Wells, en mars 2000. Un matin, seule dans sa chambre d’hôtel, la jeune femme se dit qu’“[elle] ne [peut] plus continuer comme ça”. “C’est le moment où je me suis repentie, j’ai demandé pardon au Seigneur pour tous mes péchés et l’ai exhorté à prendre le contrôle sur ma vie.” Elle s’est alors installée sur les hauteurs de Petite-Rivière-Noire, dans le sud-ouest de Maurice, où elle vit dans une communauté évangélique protestante.

Car, si on ignore quels sont ces péchés, depuis, Mary existe par et pour son dieu. “C’est la chose la plus importante dans ma vie”, s’est-elle émue dans Le Quotidien de la Réunion. Quand elle ne prie pas, elle s’occupe également de la formation de jeunes dans le milieu du tennis. C’est d’ailleurs à sa foi qu’elle accorde la plus belle victoire de sa carrière, en 2000 à Roland-Garros.
Sur le site Rolandgarros.com, elle a expliqué que sa nouvelle spiritualité l’avait transformée sur et en dehors du court cette année-là. “Pendant mon match du premier tour, j’ai senti un déclic en moi, je me suis dit que c’était peut-être cette année. Mais j’ai juste eu ce sentiment là et je n’ai rien dit à personne et à chaque match je sentais que je jouais de mieux en mieux. En mars 2000 je suis devenue chrétienne et j’ai complètement changé en tant que personne. Bien sûr ça a aussi touché mon tennis. J’étais beaucoup plus calme, moins stressée, très concentrée dans le moment sur ce que j’avais à faire.” Sur l’île Maurice, la native de Montréal est devenue proche du pasteur Miki Hardy et de sa femme Audrey, fondateurs d’un réseau international d’organisations pentecôtistes, le Church Team Ministries International. Elle se rend régulièrement à la Réunion car le réseau y dispose d’antennes. Elle y donne des conférences et des séminaires.

Il y a une douzaine d’années, elle a pris sous son aile le petit-fils et la petite-fille du pasteur qui étaient prometteurs en tennis. : “Ils se sont retrouvés un jour sans entraîneur et comme j’habitais à côté d’eux, je me suis dit que j’allais les aider.” Mais une hernie discale en septembre 2015 l’a obligée à mettre un terme à cette collaboration avec le frère et la sœur, qu’elle considérait “comme [ses] enfants”.
Autre bienfait de sa nouvelle passion, elle lui a permis de pardonner à son père, Jim, mort en 2017. Cet ancien repris de justice lui a fait taper ses premières balles à 10 ans et lui infligeait de très dures séances d’entraînement. “Le tennis m’a volé une partie de mon enfance”, regrettera plus tard sa fille. “Petit à petit, notre relation s’est normalisée, s’est-elle réjouie dans Le Monde avant sa mort. Aujourd’hui, c’est comme si le Seigneur avait tout effacé. Je l’ai régulièrement au téléphone et je lui rends visite quand je vais en Floride, où il est installé.”
“La religion est la chose la plus importante dans ma vie, ça a complètement changé mon existence. Le titre à Roland, c’est super, mais ça n’est pas comparable. Savoir que j’ai la vie éternelle, c’est extraordinaire, s’exalte Mary Pierce. Quand je suis arrivée à Maurice, je me suis tout de suite sentie à la maison. Le message que j’entendais prêcher m’a paru tellement riche…”