Mazarine Pingeot et son plus grand regret concernant son père François Mitterrand : "J'aurais aimé qu'il...."

En 1984, le magazine Paris Match révélait la double vie de l'ancien président de la République François Mitterrand en dévoilant l'existence de sa fille cachée, Mazarine Pingeot. Une révélation qui a fortement bouleversé la vie de cette dernière, comme elle l'expliquait lors d'une interview accordée à la journaliste Déborah Grunwald en janvier dernier : "J'avais passé toute ma vie à être invisible et tout à coup j'étais affichée partout dans Paris, on me montrait du doigt, je n'étais plus un être humain mais un objet de curiosité. Je suis passée d'un statut à un autre sans transition, radicalement opposé. J'avais l'impression d'être piégée et trompée, de trahir mon pacte de l'invisibilité. Ça a été très compliqué."

Pendant plusieurs années à l'adolescence, Mazarine Pingeot a mené une vie secrète à l'Alma, précisément dans un appartement de fonction situé dans le palais national de la République française, situé dans le 7e arrondissement de Paris. Ce qui est au coeur de son dernier livre, 11 quai Branly (éditions Flammarion). Pour Paris Match, elle a aussi évoqué ses regrets concernant son célèbre père : "Je le vois et l'entends tout le temps. Il y a une omniprésence latente. Une partie de lui survit, le président, et une autre a disparu, l'homme. Mon père est mort et j'aurais aimé qu'il rencontre mes enfants. S'il avait vécu comme Edgar Morin, jusqu'à au moins 103 ans, il les aurait connus. On n'imagine pas que ses parents vont mourir, aussi âgés soient-ils."

Elle expliquait dans la foulée les raisons pour lesquelles la politique ne l'intéresse pas, elle qui a pourtant vu son père évoluer dans ce milieu au quotidien : "La ­violence en politique est immense car elle est autorisée. Je ne pouvais pas répondre comme je le voulais, quand on critiquait mon père. J'avais peur de me dévoiler. J'avais l'impression d'être enchaînée. Après, en grandissant, on apprend à faire la distinction entre la personne et la fonction, mais la dureté fait mal quand on est enfant."

Normalienne, professeure agrégée et docteure en philosophie à l'université de Saint-Denis, celle qui était récemment de passage dans C à Vous est aujourd'hui une excellente écrivaine.