S'il restera dans les mémoires comme l’un des animateurs les plus marquants de la télévision française, Thierry Ardisson, qui nous a quittés le 14 juillet dernier, nourrissait aussi un attachement profond – et méconnu – à l’égard du patrimoine architectural parisien. Installé rue de Rivoli, dans le 1er arrondissement de Paris, depuis les années 1990, il avait développé une véritable obsession pour la préservation de ses célèbres arcades. En 2015, l’animateur avait même fondé une structure dédiée à leur sauvegarde (L’association de défense des Arcades de Rivoli), soucieux de lutter contre ce qu’il qualifiait alors de "dégradation générale" du site. En ligne de mire : la prolifération de commerces de souvenirs et d’alimentation, dont l’installation ne respecterait pas toujours les obligations légales, notamment en matière d’occupation de l’espace public.
Selon lui, les propriétaires des immeubles avaient la responsabilité de veiller à l’état des arcades et des trottoirs, un devoir souvent négligé. Dans une interview datant de la même année, Ardisson dénonçait un laisser-aller généralisé : "Depuis les années 80, les étals ont envahi les trottoirs sans retenue."
Comme l'expliquent nos confrères de Actu.fr, déçu par l’absence de soutien des institutions, il avait fini par renoncer officiellement à son engagement en 2018, regrettant une inertie politique sur le sujet. Il évoquait alors un désintérêt manifeste de la mairie, malgré une étude juridique commandée par la Ville, restée selon lui sans suite concrète. Même s’il s’était retiré de la scène militante, celui dont les dernières volontés avaient été annoncées continuait à exprimer son attachement au lieu. En 2020, lors du premier confinement et de la fermeture temporaire de la circulation automobile sur l’axe, il avait salué le calme retrouvé de la rue, contrastant avec ce qu’il décrivait comme l’état préoccupant de ses arcades : détériorées, mal entretenues, et dominées par des enseignes "bas de gamme".
Face à lui, certains commerçants s’étaient à leur tour mobilisés, créant leur propre association pour défendre leurs intérêts économiques et leur rôle dans la vie locale. Au-delà du personnage médiatique, c’est donc un amoureux de Paris qui s’éteint, discret défenseur de son élégance passée.
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