C'est à 16h40 que le cercueil de chêne clair de Bernard Giraudeau a quitté l'église Saint-Eustache. Sur l'esplanade, la famille et de nombreux amis réunis, quelques badauds (les obsèques n'avaient pas été annoncées à la presse), ont fait retentir d'immenses applaudissements pour un dernier salut à la hauteur du grand comédien. Les honneurs militaires lui ont été rendus sur le parvis de l'église.
Un peu plus tôt dans l'après-midi, vers 14h30, près de 250 personnes se sont réunies à l'intérieur de l'église Saint-Eustache, près du quartier des Halles à Paris, pour cette cérémonie que les proches de Bernard voulaient discrète et privée. Le curé a pris la parole pour annoncer qu'il ne célèbrerait pas une messe, que la famille avait choisi un simple hommage. Il a donc donné la parole à ceux qui l'aimaient et qui souhaitaient évoquer sa mémoire.
Pendant plus de deux heures, ils se sont succédé pour évoquer leurs souvenirs de Bernard Giraudeau : Lionel Jospin, le metteur en scène Bernard Murat, le médecin personnel de la star qui a évoqué l'annonce de la maladie, le 31 décembre 2000... Gaël, le fils de Bernard et Anny Duperey a pris la parole, en pleurs. Sa soeur Sara également. Elle a même chanté, accompagnée de sa guitare. Puis vint le tour d'un ami de la Marine nationale, et quasiment vers la fin, Anny Duperey.
Celle qui a vécu avec le comédien pendant 18 ans, et qui est la mère de ses deux enfants, a ému toute l'assemblée avec ses mots simples. La voix brisée par l'émotion, Anny Duperey a d'abord lu une prière amérindienne : "Ne pleurez pas en pensant à moi. Soyez reconnaissants pour les belles années vécues ensemble. Je ne suis pas loin, juste de l'autre côté du chemin". Elle a partagé avec l'assistance les derniers mots que lui avait adressés Bernard : "Il est temps pour moi de voyager seul". Sa dernière compagne, Tohra, bouleversée mais digne, n'a pas pris la parole. Dans sa main, une casquette de marin, clin d'oeil à la passion de son bien-aimé qui lui avait dédié son dernier livre, l'excellent Cher Amour.
Ils étaient nombreux, les amis, à s'être déplacés cette après-midi, comme le chef d'état-major de la Marine nationale, l'amiral Forissier, accompagné de deux jeunes élèves de l'Ecole des Mousses de Brest et Gilles Bréhat, réalisateur de Rue Barbare avec Bernard en 1984. Il y avait aussi Jean-Pierre Marielle, une Fanny Ardant particulièrement émue, le ministre de la Culture Frédéric Mitterrand, Jean-Hugues Anglade, Michel Drucker, l'ancien ministre Jack Ralite, Thierry Frémont, Patrice Leconte avec qui Bernard a tourné deux films, Claude Sérillon et Catherine Ceylac, James Thierrée, la comédienne Françoise Arnoul, Bernard Lecoq, Christian Rauth, Bruno Wolkowitch, Caroline Cellier et Claire Chazal, qui connaît bien cette église pour y avoir épousé Xavier Couture.
Mais aussi Jean-François Lepetit, producteur du premier film en tant que réalisateur de Bernard Giraudeau : Les Caprices d'un fleuve. Marie Dubois, qui y interprétait la vieille duchesse, était aussi présente.
Une cérémonie de crémation devait se dérouler en fin d'après-midi dans la plus stricte intimité. Une dispersion des cendres pourrait avoir lieu, plus tard, en septembre, dans l'Atlantique, avec le concours de la Marine nationale.