En 2005, Thierry Ardisson, qui nous a quittés ce lundi 14 juillet, surprenait une fois de plus en posant… dans un cercueil. Une mise en scène aussi macabre qu’ironique, orchestrée pour le magazine Paris Match, et devenue depuis une image culte. Selon nos confrères, la séance photo s’était déroulée dans un salon funéraire situé face au cimetière du Père-Lachaise, un décor chargé de symboles pour ce rituel aussi personnel que provocateur.
L’animateur, alors âgé de 56 ans, s’apprêtait à publier Confessions d’un baby-boomer, sa seconde autobiographie coécrite avec Philippe Kieffer. Certains l’accusaient de s’être assagi, d’avoir troqué l’irrévérence pour une forme de confort bourgeois. Deux ans plus tôt, le magazine Technikart allait même jusqu’à annoncer sa "mort médiatique", malgré le succès intact de Tout le monde en parle sur France 2. Cette photo, Ardisson la pensait comme une réponse cinglante à ses détracteurs.
"Rendre sa position de mort la plus crédible possible"
Et il n’avait rien laissé au hasard. Selon Paris Match, il avait personnellement sélectionné "l’acajou de la boîte, la couleur du capiton, le sourire que ce trompe-la-mort voulait arborer", jusqu’aux lunettes de soleil, mises juste avant le déclenchement. Tout était soigneusement mis en scène pour produire l’effet voulu : celui d’un dandy qui, même face à la mort, garde le contrôle de l’image. "Juché en haut d’un escabeau, je me souviens de nos éclats de rire ainsi que du soin que nous avons pris à rendre sa position de mort la plus crédible possible", raconte Hubert Fanthomme, photographe de cette séance devenue iconique. Une employée des pompes funèbres, présente sur place, n’hésitait pas à guider Ardisson pour lui indiquer la bonne posture, la bonne inclinaison du menton.
Dans l'article de l'hebdomadaire, on apprend qu'Ardisson, apparemment à l’aise dans ce cercueil choisi sur mesure, s’y serait même assoupi brièvement. Il affirma plus tard qu’il s’agissait de sa photo préférée parmi toutes celles réalisées pour le magazine. Derrière cette mise en scène lugubre se cachait sans doute une façon de conjurer l’angoisse de la fin. L’animateur dont les dernières volontés sont connues de tout n’en faisait pas mystère : il avait peur de la mort. Conscient des excès passés qui avaient mis à mal sa santé, il se soumettait chaque année à un check-up à l’hôpital américain de Neuilly, précise Paris Match. Ce qui n'empêchera en rien la maladie de remporter son terrible combat.
Vingt ans plus tard, alors que la mort n’est plus un jeu, cette photographie prend une dimension nouvelle. Ce pied-de-nez à la fatalité devient le plus fidèle autoportrait d’un homme qui aura passé sa vie à défier les conventions, avec style, lucidité et un brin de provocation.
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