Depuis des années, Michel-Edouard Leclerc est présenté comme l’un des patrons préférés des Français. Omniprésent dans les médias, défenseur du pouvoir d’achat, figure familière des plateaux télé, il incarne l’enseigne qui porte son nom. Et pourtant, comme il le rappelle lui-même : "Ce n’est pas chez moi". Contrairement à une idée largement répandue, Michel-Edouard Leclerc n’est propriétaire d’aucun supermarché Leclerc.
Dans une interview accordée au Journal des Femmes, il insiste sur sa position singulière : "Il y a beaucoup de gens qui croient que je fais du théâtre en payant moi-même à la caisse parce qu’ils s’imaginent que c’est chez moi… Ce n’est pas chez moi, nous sommes une association d’entreprises indépendantes." Leclerc fonctionne en effet comme une coopérative : chaque magasin appartient à un adhérent indépendant, souvent très fortuné, regroupé dans une organisation locale, régionale puis nationale.
Loin du cliché du grand patron, Michel-Edouard Leclerc revendique une posture simple et accessible. "Je suis client moi-même, j’ai ma carte Leclerc !", explique-t-il, évoquant ses habitudes à Landerneau, Levallois-Perret ou Montparnasse. "Je ne me comporte pas comme quelqu’un de privilégié. Si on me demande une pièce d’identité, je la sors." Il ajoute aussi : "J’aime les gens et je pense que je suis un mec généreux."
Comme l’explique Le Monde, celui qui apprécie chez ses collaborateurs une qualité bien précise n’est donc "pas un héritier au sens où on l’entend habituellement dans le monde des affaires". Son père ne lui a pas transmis une entreprise, mais "un nom, un savoir-faire, une culture". Il n’exerce plus de fonction exécutive et ne dirige aucun magasin. Son rôle est ailleurs : communicant, porte-voix, lobbyiste et stratège d’une enseigne qui lui doit une grande part de sa visibilité.
Au début des années 2000, la famille Leclerc a revendu le nom "Leclerc" et ses dérivés aux adhérents pour 120 millions d’euros, une somme qui a permis à Michel-Edouard Leclerc et à ses deux sœurs de se constituer un solide patrimoine. Ironie de l’histoire : ce nom, seul véritable héritage, ne leur appartient plus aujourd’hui.
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