Il fallait s’armer de patience ce samedi soir, sur le parvis du Zénith de Toulon. Le public, fidèle et bouillant malgré une "petite jauge", a attendu près d’une heure après la première partie assurée par Léran avant que "l’Amiral" comme le surnomme nos confrères de Var Matin n’entre en scène. À 21 h 45, enfin, Michel Polnareff est apparu alors que le public commençait à "sévèrement à s’impatienter". Costume étincelant, lunettes blanches iconiques, silhouette inchangée : le mythe était bien là.
Une attente longuement entretenue… mais magistralement récompensée. L’ouverture avec Le bal des Laze, puis Tarn-Tarn et La poupée qui fait non, a immédiatement plongé les spectateurs dans une vague de souvenirs. L’émotion était palpable comme le confirment les personnes présentes sur place. Des générations réunies, des fans de la première heure aux curieux venus découvrir la légende vivante. Si certains se sont agacés de son entrée tardive, la voix, intacte, et la présence scénique du papa de Louka ont rapidement dissipé les réticences.
Intitulée avec malice "Ma dernière tournée", cette série de concerts sonne comme un adieu tout en délicatesse. Michel Polnareff ne l’a jamais caché : à 81 ans, il tourne la page. Sa tournée, entamée le 3 avril à Londres, sillonne l’Europe et rassemble un public transgénérationnel. Chacune de ses apparitions devient un moment suspendu, tant la rareté de ses prestations scéniques rend l’événement précieux.
À Toulon, le public était venu de loin. De La Réunion, de toute la région PACA, certains pour la première, d’autres pour la dernière fois. Véronique, par exemple, n’avait encore jamais vu son idole sur scène : "C’est la première fois que j’ai l’occasion d’assister à un de ses concerts. Sans être trop pessimiste, c’est aussi une dernière chance de le voir avant qu’il ne s’en aille" a-t-elle confié à Var Matin. Sa fille Romane, maquillée de paillettes, partage ce moment comme un héritage. Et pour d’autres, comme Sylvaine, ce concert était presque vital. Fan depuis 1963, elle confie : "Il m’a sauvé la vie".
Cette ferveur, celui qui a dernièrement viré son assistant la ressent, même s’il reste toujours un peu distant, presque insaisissable. Il joue avec le temps, avec le silence, avec les nerfs de ses fans. Mais il ne triche jamais avec la musique. Pour l’artiste dont l’enfance n’a pas toujours été très rose, il n’est pas simplement question de faire ses adieux, mais de laisser une empreinte renouvelée. C’est un message, une manière de dire : je suis encore là.
Cette dernière tournée n’est pas une fin en soi. Une manière élégante pour Michel Polnareff de clore un chapitre sans renier le passé. Fidèle à lui-même, fantasque et franc, il a offert à son public un moment d’intensité rare. À Toulon comme ailleurs, le rideau est tombé dans les applaudissements nourris et les yeux brillants.
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