L'empreinte laissée dans le monde de la musique classique par le chef d'orchestre Colin Davis, mort dimanche 14 avril 2013 à 85 ans, pourrait se résumer à quelques mots formulés par le communiqué attristé émis par le London Symphony Orchestra, dont il fut le maestro de 1995 et 2006 avant d'en devenir le président : "une affection et une admiration énormes", voilà que cet éminent spécialiste de Berlioz inspirait.
En récompense de sa contribution "immense" à la musique en Grande-Bretagne - et à la musique en général -, Colin Davis avait été fait commandeur de l'ordre de l'empire britannique par la reine Elizabeth II dès 1965, soit six ans seulement après avoir dirigé pour la première fois l'orchestre symphonique de Londres, puis anobli en 1980, et fait Compagnon d'Honneur en 2001. Il avait par ailleurs été distingué à titre civil dans de nombreux pays (la France l'avait fait officier puis chevalier de la Légion d'honneur et commandeur dans l'ordre des Arts et des Lettres), mais aussi à titre artistique par les plus prestigieux trophées (médaille d'or de la Société royale philharmonique, Médaille de la reine pour la Musique, Classical Brit Award de l'Homme de l'année en 2008, Grammy Award 2006 du meilleur opéra pour Falstaff de verdi).
Sir Colin Davis avait eu la douleur de perdre en juin 2010 sa seconde femme, Shamsi (Ashraf Naini), qu'il avait épousée en 1964 (l'année même de son divorce d'avec la cantatrice April Cantelo, mère de ses deux grands enfants, Suzanne et Christopher) et avec qui il avait eu cinq enfants, dont le chef d'orchestre Joseph Wolfe - soucieux d'utiliser un nom de scène pour se démarquer de son illustre père. Suite à la mort de son épouse, Sir Colin Davis avait lui-même rapidement commencé à décliner, inquiétant l'opinion lors d'une représentation à Dresde (il était chef honoraire de l'orchestre de la ville) en mai 2012, où il avait fait une chute le contraignant à annuler ses engagements ultérieurs. Il s'était produit pour la dernière fois au mois de mars.
Très estimé pour son expertise concernant l'oeuvre du compositeur français Hector Berlioz, dont il a gravé la première intégrale des Troyens chez Philips avant de la réenregistrer en public avec le London Symphony Orchestra il y a quelques années, il laisse plus de 300 enregistrements.
Outre le London Symphony Orchestra, il avait noué des relations étroites avec le Royal Opera House de Covent Garden, dont il a été directeur de la musique pendant 15 ans (1971-1986) ainsi qu'avec l'orchestre de la BBC et l'English Chamber Orchestra, rappelle l'AFP. L'actuel directeur de la musique de Covent Garden, Antonio Pappano, a souligné que l'opéra avait des projets avec le maestro et que son décès "représentait une perte énorme" : "La chaleur et l'énergie de son orchestration nous manqueront terriblement. C'était un géant. C'est un moment très triste pour l'histoire de la musique britannique", a-t-il souligné.
A l'étranger, Sir Colin a travaillé notamment avec le Boston Symphony Orchestra, le New York Philharmonic, l'Orchestre symphonique de la Radiodiffusion bavaroise, ou encore l'orchestre de Dresde, où sa disparition laisse également un vide irremplaçable, lui qui y était perçu comme "incroyablement aimable, totalement sans prétention et dont la chaleur humaine gagnait tous les coeurs".
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