Diane Kruger, Léa Seydoux, Ewan McGregor : Hollywood et son industrie taclés
Publié le 26 mars 2012 à 20:08
Par Geoffrey C.
Diane Kruger et Léa Seydoux au festival de Berlin, en février 2012. Diane Kruger et Léa Seydoux au festival de Berlin, en février 2012.© Abaca, Photomontage
Olga Kurylenko, en mars 2012 à Los Angeles.
Ewan McGregor, en mars 2012 à Los Angeles.
Diane Kruger et Léa Seydoux au festival de Berlin, en février 2012.
Olga Kurylenko, en mars 2012 à Los Angeles.
Ewan McGregor, en mars 2012 à Los Angeles.
Retrouvez les interviews de Diane Kruger, Léa Seydoux, Olga Kurylenko et Ewan McGregor dans Studio Ciné Live, avril 2012.
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La véritable nature de l'industrie hollywoodienne n'est un secret pour personne. Carnassière et impitoyable, elle s'alimente des phénomènes à la mode, exploite les filons jusqu'à l'usure et tire sa vitalité des acteurs qui acceptent d'être métamorphosés en stars bankable pour continuer à travailler et éventuellement décrocher un Oscar.

Une vision particulièrement cynique que chaque rouage de cette machine bien huilée nuance dès qu'il en a l'occasion, conscient que chaque intervenant est tenu de supporter la bête pour qu'elle perdure. Mais loin du territoire américain, les esprits venus d'ailleurs s'échauffent.

Réunis par le hasard du calendrier des sorties dans les pages de Studio Ciné Live, Diane Kruger, Léa Seydoux, Ewan McGregor et Olga Kurylenko cumulent les nationalités européennes et les expériences hollywoodiennes.

 

Une question de nuances

La Marie-Antoinette désaxée des Adieux à la reine s'est retrouvée sous le feu des projecteurs en décrochant le rôle de la célèbre Hélène dans Troie (2004), une superproduction avec Brad Pitt, avant de continuer sa carrière américaine dans Benjamin Gates et le trésor des templiers (2004), Benjamin Gates et le livre des secrets (2007), Inglourious Basterds (2009), Sans identité (2011) et Les Âmes vagadondes, actuellement en tournage. Un parcours impressionnant que la belle Allemande commente : "Dans ce type de blockbusters, il faut apprendre à ne pas être noyée dans l'immensité d'un projet qui te dépasse. Avec le recul, je sais que dans Troie, je me suis laissé bouffer. Depuis, j'ai compris qu'il faut se battre." Loin de lutter contre le système, Diane Kruger explique qu'avec les années, elle n'a plus peur de prendre certaines initiatives, quitte à déstabiliser les producteurs. Mais une chose reste sûre : "Sans avoir fait de gros cartons, il est impossible d'accéder à certains rôles."

Sur la piste de décollage vers Hollywood, Léa Seydoux est apparue dans Inglorious Basterds (2009), Robin des Bois (2010) et Minuit à Paris (2011) avant de décrocher un rôle de méchante dans Mission : Impossible - Protocole Fantôme. Moins incrustée dans le système américain, la jeune actrice note tout de même ce sentiment que "là-bas, le cinéma est une industrie. Tout y est plus froid, plus hiérarchisé". La preuve : "Sur le casting de Millénium [Léa Seydoux était l'une des dernières candidates, après plusieurs mois de casting, NDLR] je me suis retrouvée avec cinq autres comédiennes, côte à côte, habillées en Lisbeth Salander, tandis qu'une costumière prenait nos mesures pour que le costume soit prêt puisqu'il fallait partir le lendemain pour la Suède. J'ai donc conscience qu'il faut se blinder quand on travaille là-bas. Mais j'adore leur habitude d'énormément t'encourager. Cet enthousiasme te porte."

Diane Kruger continue dans la nuance : "Là encore, tout dépend de ceux avec qui tu travailles. Avec un Tarantino, tu as une relation géniale. Mais dans d'autres films, tu sais que le réalisateur n'est qu'un employé et que les producteurs décident de tout. Cela n'empêche pas de passer un bon moment."

 

Une question de choix

Passée par la case James Bond et révélée dans Quantum of Solace, Olga Kurylenko semble particulièrement consciente de l'importance de ses choix. Repérée pour sa plastique et lancée dans le mannequinat, elle attire très vite les propositions venues du petit écran, premier pas vers son rêve de cinéma. Mais le top modèle refuse net : "Je savais qu'en tant que mannequin, j'avais déjà une image qui pouvait me desservir. Je recherchais un rôle à l'opposé de ce que je pouvais dégager dans le regard des autres mais proche de celle que je suis."

Olga Kurylenko décroche ainsi le rôle principal de L'annulaire (2004), un drame torturé où elle se révèle, et cède aux sirènes hollywoodiennes avec Hitman (2007), l'adaptation d'un jeu vidéo culte. Là encore, le plan de carrière se profile : "Tourner en anglais allait m'offrir l'opportunité que mon travail soit vu aux Etats-Unis. Avec L'annulaire, j'avais démarché des agents mais sans succès. Celui avec qui je rêvais de travailler avait même refusé de me rencontrer. Je me souviens lui avoir dit qu'il le regretterait. C'est arrivé après Hitman. Et je me suis fait un plaisir de lui dire non, même si je n'avais alors pas d'autre proposition."

Avec Max Payne - une autre adaptation de jeu vidéo musclée - puis Quantum of Solace, Olga Kurylenko reçoit nombre de propositions calqués sur ces succès, et comprend vite que le système est prêt à la ranger dans le cinéma d'action. "C'était à moi de convaincre de ma capacité à aller vers d'autres registres". Chose promise, chose due. La comédienne de 32 ans a bataillé pour le rôle principal de La Terre outragée, un drame sur Tchernobyl, et sort d'un des films mystérieux de Terrence Malick. Accessoirement, elle est en ce moment même occupée sur le tournage d'un blockbuster de science-fiction encore sans titre avec Tom Cruise. Hollywood reste une vitrine incontestable.

 

Une question très simple

Il y a une dizaine d'années, l'Écossais Ewan McGregor entrait dans l'arène d'Hollywood par la grande porte. Trois épisodes de Star Wars (1999-2005), The Island (2005) et une overdose d'écrans verts plus tard, le comédien est clairement retourné vers le cinéma indépendant et d'auteur, parsemé de pépites comme I Love You Phillip Morris (2009), The Ghost Writer (2010) et Perfect Sense, une romance apocalyptique avec Eva Green.

Classe et concis, Ewan McGregor ne cache par les raisons de ce revirement de carrière : "Les studios ont tellement peur de perdre leur argent en choquant une partie du public qu'ils n'osent plus rien. Du coup, leurs films sont fades pour plaire au plus grand nombre et rapporter le plus d'argent possible." Il ne s'arrête pas là : "Je pense que les choses ont empirté depuis cinq ans. Les studios produisent de moins en moins de films. Avant, ils en faisaient vingt-cinq par an, aujourd'hui c'est plutôt huit. Pour limiter la prise de risque, chaque film doit faire référence à quelque chose que les gens connaissent déjà : un précédent succès, un superhéros, un conte de fées. Il y a très peu de sujets originaux. Ils vendent des marques ! J'ai été stupéfait par les bandes-annonces du Superbowl [Avengers, John Carter et Battleship], qui donnent la couleur de l'été américain : je n'ai vu que des explosions et des superhéros !"

Après avoir précisé que les films de studios restaient une exception dans son parcours, Ewan McGregor évoque le tournage de Jack, le tueur de géants, une relecture "amusante" de Jack et le haricot magique : "Le tournage m'a laissé un souvenir pénible. C'était tellement lent. J'avais l'impression de regarder de la peinture sécher. Nous avons tourné pendant cinq mois alors que j'ai plutôt l'habitude des tournages de cinq semaines." De quoi remettre quelques pendules à l'heure, pendant que le rêve hollywoodien continue de faire ses victimes.

La Terre outragée avec Olga Kurylenko et Perfect Sense avec Ewan McGregor et Eva Green, en salles le 28 mars.

Retrouvez les interviews de Diane Kruger, Léa Seydoux, Olga Kurylenko et Ewan McGregor dans Studio Ciné Live, avril 2012.

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