Le 16 novembre 2024, sur France 2, en seconde partie de soirée, Léa Salamé recevait sur le plateau de Quelle époque ! sa consœur Élise Lucet. Présentée comme une journaliste tenace, la responsable de Cash Investigation revenait sur les étiquettes qu’on lui a souvent collées, telles qu’"icône de l'investigation" ou encore "celle qui court derrière les patrons avec son micro". "Je pense franchement que c'est très important de ne pas cataloguer les gens, soulignait la journaliste à l'incroyable salaire. Ça va très vite. Moi, je suis la grande méchante qui court après les grands patrons, parfois les anciens présidents de la République."
Lassée de passer pour la "méchante" journaliste de France Télévisions, Élise Lucet ajoutait : "Je pense qu’on a tous plusieurs facettes dans notre personnalité. Oui, je suis l'Élise de Cash Investigation, mais je suis aussi l'Élise de YouTube, des cinq dernières minutes, ou même d'Envoyé Spécial sur le terrain… Et si on vous colle une étiquette, bim, […] vous êtes ça ! Bah non, en fait, c'est bien plus complexe que ça." D’où sa récente envie d’ouvrir sa propre chaîne YouTube "pour parler à tout le monde" et montrer une nouvelle facette de sa personnalité. "Je pense que c'est très important, expliquait la maman de Rose, qui réserve ses tables au restaurant sous d’étranges noms. On a tous des ados autour de nous ou des jeunes adultes, et on voit bien que la télé, c'est un meuble ou alors ils regardent en replay. J'ai envie qu’on arrête de monter des frontières qui n'ont pas lieu d'être."
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Dans sa jeunesse, en Normandie, Élise Lucet était loin de s’imposer la rigueur qu’elle déploie aujourd’hui sur les chaînes du service public. Dans un entretien qu’elle accordait à l’émission Rewind de FranceTV Slash, la présentatrice d’Envoyé Spécial avouait même avoir été infernale avec ses parents. "Moi je ne m'en suis pas du tout rendu compte, mais ma mère m'a dit que j'avais été dure avec elle, révélait Élise Lucet. Alors que j'adorais ma mère ! Mais je pense qu'on ne s'en rend pas compte en fait."
Côté bulletins de notes, l’ambiance n’était pas au beau fixe... "Je foutais pas grand-chose au lycée, j'ai eu mon bac aux rattrapages, je n'allais pas en cours... C'était chaud, avouait-elle. Mes copains étaient punks, ils étaient modz, ils étaient... bizarres... on va dire... Bizarres !" Pas de quoi effrayer sa maman pour autant. "Elle m'a tout le temps dit : J'ai confiance en toi ! Elle me disait : Je ne sais pas ce que tu feras, mais je sais que tu feras un truc et que tu réussiras vraiment à faire ce que tu as envie de faire et, surtout, à t'épanouir."
Ce qu’Élise Lucet ne racontait pas sur Rewind, c’est que chez les Lucet, la bonne élève, c’était Sophie… Sa grande sœur. L’existence de cette mystérieuse aînée, la journaliste de Cash l’évoquera chez Konbini, dans Small Talk. Face à David Castello-Lopes, la journaliste racontait son adolescence dans l’ouest de la France : "J’avais une grande sœur qui avait deux ans d’avance dans ses études, révélait la meilleure ennemie de Marc-Olivier Fogiel. On me comparait tout le temps à elle. Moi, j’étais vachement moins bien. Pas dans le moule. Ma maman, institutrice, disait toujours préférer ceux qui n’étaient pas dans le moule."
Ce qui n’empêchait pas la maman d’être très fière de son aînée. "Elle a adoré que ma sœur réussisse parce que mes parents sont tous les deux de milieu modeste, ajoutait Élise Lucet. Maman, fille d’agriculteur, et papa, fils de cordonnier. Donc la réussite de ma sœur, c’était : 'BRAVO !'"
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Ce que fait aujourd’hui sa sœur Sophie, Élise Lucet l’évoquait brièvement au micro de Konbini. "Elle est prof de littérature théâtrale à Rennes et elle écrit des livres, annonçait la journaliste. Son parcours est super. Mais je pense qu’on ne peut pas – quand on est le deuxième enfant – avoir le même parcours que le premier. C’est important de se différencier."
Pour en savoir plus sur cette grande sœur professeure universitaire et auteure de plusieurs ouvrages, il suffit de se rendre sur la plateforme CRLBN (Centre Régional des Lettres de Basse-Normandie) où Sophie Lucet est décrite comme "celle qui écoute les autres parler mais qui dit bien peu de choses d’elle". Son processus de création, lorsqu’elle se trouve face à la page blanche, c’est de s’effacer face au récit : "La fiction, c’est peut-être accepter de n’être personne, avouait Sophie Lucet à l’occasion de la sortie de son livre Traverser l’oubli (Éditions Seuil) sorti en 2009. Pour écrire, peut-être faut-il n’être personne au bout du compte ?"
Une envie de rester dans l’ombre que n’a pas partagée sa petite sœur, qui intégrera sa première rédaction télé (FR3 Caen) dès ses 20 ans. Quatre décennies plus tard, la passion reste intacte pour les sœurs Lucet : les belles lettres pour l’aînée, et l’investigation pour celle qui souffle ses 62 bougies aujourd’hui…

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