Emmanuelle Béart a brisé le silence quarante-cinq ans après les faits avec la diffusion prochain du documentaire qu'elle a coréalisé avec Anastasia Mikova, Un silence si bruyant (sur M6 le 24 septembre) : dans sa jeunesse, entre les âges de 10 et 14 ans, elle a été victime d'inceste. Elle ne dira pas le nom de son agresseur, précisant seulement qu'il ne s'agit pas de son père Guy Béart, et expliquant que la démarche n'est pas là. Si la comédienne de 60 ans a décidé de s'exprimer sur cette douleur, c'est parce qu'elle veut braquer la lumière sur ce fléau, honorer ses survivants et lutter pour que cela cesse. Il y a seize ans, l'héroïne de Manon des sources avait failli révéler son secret.
Au magazine ELLE, à qui elle a accordé un entretien exclusif sur le sujet pour son édition à paraître le 14 septembre, Emmanuelle Béart avait failli aborder le sujet en 2008, évoquant une blessure de chair inguérissable. Elle n'était pas encore prête à en parler, mais a fait son cheminement petit à petit, voyant d'autres femmes le faire : "Il y a eu (Christine) Angot et (Virginie) Despentes aussi, qui dit : 'le viol, c'est en même temps ce qui me défigure et ce qui me constitue'."
Pour protéger, pour ne pas faire de mal
L'Obs avait également souligné le fait qu'elle avait presque dévoilé publiquement son secret, - sa famille en a été informée dès son adolescence : "Au magazine ELLE, qui lui demandait si elle avait déjà déclaré des choses fausses sur sa vie, Emmanuelle Béart répond : 'Ce n'étaient pas vraiment des mensonges. Tu brodes, tu imagines, tu fantasmes. Tu inventes un passé harmonieux qui explique pourquoi tu as l'air bien. Pour protéger, pour ne pas faire de mal (...) à mes parents, à mes frères et soeurs. Parce qu'il y a certaines choses de mon enfance que je ne peux pas dire. Parce que, justement, tout n'était pas harmonieux. (...) Dans mon enfance, il y a une blessure de chair. Inguérissable. Je n'en dirai pas plus. Et puis, comme c'est souvent le cas lorsqu'on est enfant, au lieu de me sentir victime, je me sentais coupable..."
Aujourd'hui, la lecture de ses précédents propos intimes prennent une toute autre dimension. Si l'épouse de Frédéric Chaudier a parlé aujourd'hui, c'est aussi en écoutant les témoignages des autres : "Je ne pouvais plus me taire et je les en remercie. (...) Ce film existe. Je ne sais pas encore quelles répercussions il aura sur moi, mais je sais que je l'ai fait aussi par amour pour l'enfant que j'ai été." Mère de trois enfants avec qui elle a abordé le sujet très tôt, elle suscite une immense admiration face à tant de courage. Pour une cause qui ravage toujours trop de vies aujourd'hui.
Selon la Ciivise (Commission indépendante sur l'inceste et les violences sexuelles faites aux enfants), lancée en janvier 2021 après la prise de conscience provoquée par l'ouvrage La Familia grande de Camille Kouchner autour des violences sexuelles faites aux enfants, 160 000 enfants sont victimes de violences sexuelles chaque année en France et 5,5 millions d'adultes ont été victimes dans leur enfance, le plus souvent au sein de leur famille.
Retrouvez l'intégralité de l'interview dans le magazine ELLE du 14 septembre 2023
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