À 47 ans, Bérénice Béjo semble avoir trouvé un équilibre précieux entre exigence professionnelle et acceptation de soi. Dans une interview pour le podcast "Fenêtre sur corps" du magazine L’Équipe, la comédienne évoquait en 2024 avec franchise son rapport au corps et à l’âge, révélant un cheminement qui pourrait inspirer bien au-delà du cercle du cinéma. "Je vois bien ce qui est en train de vieillir, ce qui est en train de changer, et c’est normal", confiait la star franco-argentine. "Je ne veux pas me prendre la tête, il faut que j’apprenne à m’aimer comme ça, c’est un travail mais on le fait tous." Consciente que l’époque actuelle ne laisse guère de répit au temps qui passe, elle soulignait que les acteurs, loin d’être exempts, vivent les mêmes pressions que chacun.
Pour celle qui avait expliqué la raison pour laquelle elle s'était radicalement coupé les cheveux, cette acceptation est progressive et passe aussi par le corps, celui qu’elle a appris à écouter au fil des expériences. Elle se souvenait de moments marquants : "Quand j'ai tourné Coupez !, en 2022, je faisais beaucoup de sport – je défonçais pas mal de zombies dans le film, ce qui est assez sportif – et un jour, à la maison, en allant de la cuisine au salon, je me suis tordu la cheville, comme ça, sans rien faire. J'ai sorti des béquilles et j'ai continué la soirée." Plus tard, un malaise aux toilettes lui rappellera que le corps a ses limites : "Je devais être fatiguée et mon corps m'a dit basta. Je pense qu'il me dit régulièrement des choses mais que j'ai tendance à écouter un petit peu après le problème..."
Cette conscience corporelle s’est intensifiée lors de rôles exigeants physiquement, comme pour le film Sous la Seine : "Je ne me suis pas posé la question du 'sous' et j'ai dit oui. C'est après que j'ai réalisé : 'Ah, il y a des scènes sous l'eau... Je vais être attachée à un parpaing à 10 m de profondeur et il va falloir que je défasse un nœud, que je reste une minute en apnée...' Plein de comédiennes ont refusé le rôle justement pour ça !" Avec humour, celle qui a reçu le César de la meilleure actrice en 2012 pour The Artist racontait sa détermination : "J'ai quand même dit à Xavier [Gens] : 's'il faut quinze leçons, à moi, il en faudra 20 !'"
Mais accepter son corps, c’est aussi reconnaître ses limites liées à l’âge. Après 40 ans, les efforts physiques nécessitent davantage de prudence : "Je me suis fait mal parce que je suis un peu vieille et qu'au bout d'un moment, le corps, quand on lui fait faire des espèces de toupies et de high-kicks, de machins… La radiologue m'avait dit : 'Madame, vous avez plus de 40 ans, il va falloir faire attention, quand même.'"
Cette prise de conscience n’empêche pas femme de Michel Hazanavicius de rester active et passionnée par les sports extrêmes : vélo, canyoning, escalade ou parapente, elle cherche l’adrénaline et le contact avec la nature. "L'eau, ce n'est vraiment pas mon élément. J'aime bien sauter, escalader, mais il me faut un contact avec la terre !", avait-elle expliqué. Pour se préparer à ses rôles, elle enchaîne les cours de plongée et la préparation physique, consciente que son corps est un outil précieux qu’il faut respecter.
La libération du corps est également passée par la danse. En 2017, à 40 ans, celle qui a été en couple avec un acteur de Grey's Anatomy participe au spectacle Les Trois Sacres avec Sylvain Groud. "Tout à coup, je n’avais plus la même pudeur. Je comprenais qu’un corps est un corps, avec des seins plus ou moins gros, des fesses plus ou moins petites, des jambes plus ou moins grosses, mais ce sont des jambes, des fesses, des seins." Cette expérience l’a aidée à s’affranchir des diktats de beauté et à exprimer sa féminité avec confiance, au théâtre comme au cinéma.
À l’heure où les études montrent que de plus en plus de femmes, surtout avec l’âge, sont complexées par leur corps, Bérénice Béjo offre un exemple inspirant. "C’est un travail d’apprendre à aimer son reflet dans le miroir", ademettait-elle. Et malgré la pression sociale, la comédienne continue ce chemin, convaincue que le corps, avec ses changements, reste un formidable compagnon de vie et de création.
player2
player2
player2
player2