A 48 ans, Bérénice Bejo n'a plus rien à prouver à personne, sa carrière parle pour elle. César de la meilleure actrice en 2012 pour The Artist, prix d'interprétation féminine pour Le Passé au Festival de Cannes en 2013, star de Sous la Seine, le carton planétaire de Netflix ou de OSS 117 avec Jean Dujardin. On l'aura compris la comédienne née à Buenos Aires en Argentine est une femme de défis. Le dernier en date : un seul en scène.
Depuis le 11 octobre dernier, Bérénice Bejo donne vie à l'histoire multi-primée de Maria Larrea, Les gens de Bilbao naissent où ils veulent (Prix roman France Télévisions 2023, Prix premier roman Inrockuptibles 2022, Sélection Prix Audiolib 2024). Pour la générale de la pièce au Studio Marigny, magnifique écrin culturel situé à l'angle de l'avenue des Champs-Élysées et de l'avenue de Marigny, dans le 8ᵉ arrondissement de Paris, l'excitation et le stress étaient à leur comble. "Pour moi, c'est vraiment un saut dans le vide", racontait Bérénice Bejo il y a quelques semaines, ajoutant que cette performance serait intense. Et elle l'est.
Assise à quelques fauteuils de nous au fond de la salle, Johanna Boyé, à qui l'on doit la mise en scène de cette version des Gens de Bilbao naissent où ils veulent (production Fimalac), a pu compter sur le soutien de nombreux proches pour cette grande première. Et elle n'était pas la seule. Bérénice Béjo était soutenue par son mari, le réalisateur Michel Hazanavicius, qui s'est installé en toute discrétion au milieu de la salle.
Un peu après 19 heures, Bérénice Bejo est arrivée sur scène, enceinte et racontant être en train de se battre avec un poulpe. Il s'agit de Dolorès, la grand-mère de Maria, le personnage central joué par Bérénice Béjo, mais ce n'est pas le seul, loin de là. Pendant 1h10, la comédienne ne joue pas un, pas deux mais tous les personnages ! Une véritable prouesse réalisée avec une réussite époustouflante.
Plongée dans un décor minimaliste, Bérénice Bejo enchaîne les moments d'émotion qui s'entremêlent avec des parenthèses plus caustiques et des parenthèses dynamiques. Elle raconte avec réalisme l'histoire de Maria, fille d'émigrés espagnols qui ont fui le franquisme pour vivre leur rêve de liberté au pays du camembert. A Paris, sa mère, au physique de star de cinéma, est femme de ménage et son père, toujours un ballon de rouge à la main, est le gardien du Théâtre de la Michodière. Tous les trois vivent dans une minuscule loge au dernier étage du théâtre, spécialisé à l'époque dans les pièces de Boulevard. La violence et la fantaisie immédiate qui se dégagent de ce trio aurait pu suffire à faire de Maria une artiste. Mais il y a autre chose... Élève en école de cinéma, elle cherche dans ses courts métrages à mettre en scène ses origines, en vain. Jusqu'au jour où une tireuse de cartes lui révèle qu'un secret pèse sur sa naissance...
Tout au long cette enquête haletante, Bérénice Bejo cueille les spectateurs. La comédienne aux cheveux courts donne de sa personne pour que cette histoire transperce le coeur de chacun. A l'issue de la générale, elle a reçu une standing ovation, des applaudissements nourris et des bravos pour récompenser tout le travail produit depuis des mois.
Et ce nouveau défi de Bérénice Bejo n'en est qu'à ses prémices puisque Les gens de Bilbao naissent où ils veulent se joue jusqu'au 24 novembre prochain au Studio Marigny. Un rendez-vous captivant et secouant à ne pas manquer !