






Gros changement pour le groupe français L'Oréal, numéro un mondial de l'industrie des cosmétiques. Françoise Bettencourt-Meyers ne briguera pas le renouvellement de son siège d'administratrice, comme l'a fait savoir le géant du maquillage ce 6 février 2025. La fille de Liliane Bettencourt, décédée en 2017, va céder sa place après 28 ans aux commandes, lors de la prochaine assemblée générale des actionnaires du groupe, prévue le 29 avril 2025, a révélé Le Monde. Alors que Françoise Bettencourt-Meyers souhaite que son poste revienne, lorsqu'elle l'aura quitté, à un représentant de la holding familiale, Téthys, quid de ses héritiers ? Maman de deux fils, ses garçons deviendront-ils un jour administrateur ou PDG du groupe fondé par leur arrière-grand-père Eugène Schueller en 1909. Jusqu'ici c'est dans l'ombre qu'évoluent Jean-Victor et Nicolas Meyers, fruits des amours de Françoise Bettencourt et Jean-Pierre Meyers. Qui sont-ils vraiment ?
Il faut se plonger dans le livre Successions de Raphaëlle Bacqué et Vanessa Schneider, grands reporters au Monde, pour obtenir des réponses. Ils sont tous les deux les fils de la désormais deuxième femme la plus riche du monde et de Jean-Pierre Meyers, arrière-petit-fils de rabbins. Ils ont vécu bien plus simplement que leur grand-mère Liliane, dans leur duplex à Neuilly, à quelques mètres de l'hôtel particulier de cette dernière. Leurs vacances ? L'hiver à Megève, l'été au large de Majorque, ou en Bretagne. Françoise a souhaité que Jean-Victor et Nicolas reçoivent une éducation juive. Après la mort de Liliane Bettencourt, ce sont seize personnes qui se sont installées autour de cette table du conseil d'administration de L'Oréal. Mais ce sont bien trois personnes qui ont retenu toute l'attention. Un trio composé de Françoise Meyers, et ses deux fils dans ce groupe du CAC40. Un fait "suffisamment rare pour être remarqué".
À l'inverse sa mère, avec laquelle les relations auront été tout du long si particulières et froides, Françoise Bettencourt-Meyers tient à sa discrétion. Et ce dans le soucis du bien être de ses fils. "Elle a toujours voulu vivre comme tout le monde, avec cette crainte très morale d'écraser son prochain", rapporte ainsi l'écrivaine Dominique Bona, une amie d'enfance. Déjà, ses deux fils ont échappé au poids qui pèse sur les épaules de leur mère, en ne portant pas le même nom. Comment sont-ils ? Les journalistes écrivent que ceux qui les connaissent les décrivent comme "sympathiques, intelligents et pas prétentieux pour un sou". À 38 ans, Jean-Victor Meyers est l'aîné. Du haut de son mètre quatre-vingt-quinze, il affiche une allure élégante. Un beau garçon bien élevé comme il est décrit. Et lorsqu'il se rend à un défilé de mode ou une soirée où se presse le monde l'art et de la culture, on peut le croiser sans forcément l'identifier. Côté CV, il détient une licence d'économie à l'université de Nanterre ainsi qu'un diplôme de l'Institut supérieur de gestion, à l'ISG Paris. L'aîné de Françoise et Jean-Pierre Meyers est passé par un job d'été à la Croix-Rouge en 2006, une formation à la gestion privée de quelques mois chez Goldman Sachs, un stage chez Louis Vuitton et un an en tant qu'assistant chef de produits chez Yves Saint Laurent Beauté. Il y a une dizaine d'années, le jeune homme, passionné d'art contemporain et de design, a lancé Exemplaire, avec un ami. Une marque de pulls en cachemire. Il passe beaucoup de temps à Los Angeles, qu'il considère comme sa deuxième maison, et loge près du Quai d'Orsay à Paris.
Depuis 2012, il a été coopté au sein du conseil d'administration de L'Oréal, duquel sa mère prend désormais le large. Il a repris le siège occupé par sa grand-mère. Un cadre du groupe que l'on ne présente plus dit de lui : "Il se fait les dents et apprend son métier d'actionnaire". Son expérience, il la puise également en ayant créé sa société d'investissement Constantine Capital. Quid de Nicolas, le cadet. À 36 ans, il ressemble bien plus à sa mère, il en est "le portrait". Sombre et brun comme elle. Lui aussi est à la tête d'une entreprise, Lille Capital. Il est de son côté passionné par l'horlogerie, l'art et le numérique. Il voyage plus volontiers que son aîné Jean-Victor, notamment pour visiter les boutiques et départements de L'Oréal. S'ils ont bien sûr visiter des points de vente au cours de leur enfance, les deux héritiers ont été préservés. Leur mère, Françoise Bettencourt-Meyers, y tenait. Dans Le Monde, elle avait assuré à ce sujet : "On ne peut pas se réveiller chaque matin avec le mot argent dans la tête et nous avons élevé nos enfants en les protégeant de ce genre de dérive."

Mais alors seront-ils un jour à la tête de l'empire L'Oréal ? Rien n'est moins sûr. La maison a toujours eu pour culture de faire monter en interne les dirigeants après un parcours dans les boutiques et les filiales. "Aucun héritier ne pourrait faire un si long apprentissage", rapporte le président du conseil d'administration, Jean-Paul Agon. Ce dernier les a néanmoins accompagné, en leur organisant toute une série de déplacements dans les filiales, et visites de magasins. Les deux frères sont traités avec une parfaite égalité de la part de leurs parents, et c'est ainsi qu'ils siègent tous deux au conseil d'administration. "Ils sont avec nous dans toutes les affaires", se félicitent les parents. Une histoire écrite en toute discrétion.