





Dans Ruquier, vies secrètes, biographie signée Marcela Iacub et sortie le 7 mai aux éditions Harper Colins, Laurent Ruquier accepte de se livrer en profondeur sur des sujets intimes : ses souvenirs d’enfance, ses rapports familiaux, son homosexualité et même ses réflexions sur la paternité. Autant de confidences qu’il développe également face aux caméras de nos confrères Yahoo. Dans une séquence filmée, l’animateur confie avoir grandi auprès "d’une mère qui avant tout était amoureuse de son mari, plus qu’elle n’aimait ses enfants". Issu "d’une famille de taiseux", il ne nourrit pourtant aucune rancune, conscient que ses parents, bien que peu démonstratifs, sont "fiers" de son parcours. S’ils n’ont jamais abordé ouvertement son homosexualité, ils ont toujours fait preuve d’une certaine tolérance. Une orientation que Ruquier dit avoir mis du temps à accepter lui-même, avant de prendre pleinement conscience de ses sentiments à Paris — une ville où sa vie personnelle et professionnelle a véritablement pris son envol. L’ouvrage révèle les blessures, les non-dits et les gestes d’amour muets d’un homme devenu l’un des animateurs les plus populaires de sa génération.
Mais derrière les rires et la réussite, un lourd silence entoure la figure centrale de son enfance : sa mère, Raymonde. Dès les premières pages, Marcela Iacub s’adresse directement à l’animateur dans une écriture introspective, presque thérapeutique. Elle y perçoit un besoin inconscient de réconciliation posthume. "En réalité, ce que tu me demandais était d'envoyer un message à ta mère, que je lui fasse part de tout ce que tu n'avais pas réussi à lui dire de son vivant. Tu voulais que je t'aide à parler enfin avec elle – même si l'entreprise est impossible. Mais à quoi d'autre sert l'écriture si ce n'est pas à vaincre d'une certaine manière ce que la réalité s'acharne à nous refuser ?", a-t-on pu lire. Pour autant, Laurent Ruquier n’a pas réglé ses comptes avec sa mère — il a choisi la voie inverse : celle du pardon, voire de la dévotion. "Tu as été le meilleur fils du monde en dépit de ce que tu ressentais pour elle. Tu te disais qu'elle avait eu une vie trop difficile pour que tu n'essaies pas de la traiter comme si elle avait été la meilleure mère du monde", assure l'écrivaine. Et l'ex d'Hugo Manos l’a fait sans demi-mesure : "Tu es si heureux quand tu penses que ton succès t'a permis de lui rendre la vie agréable et confortable, de lui acheter une maison de plain-pied pour la fin de ses jours, de lui offrir de beaux voyages, de vivre sans peur de manquer".

Marcela Iacub s’interroge : et si cette générosité ne répondait pas seulement à la pauvreté d’autrefois, mais à un besoin plus profond de s’éloigner de ce modèle maternel douloureux ? "Ce qui comptait pour toi n'était pas de la dédommager de sa pauvreté passée mais de te montrer à toi-même – et peut-être aussi à elle – que tu ne lui ressemblais pas, que pour rien au monde tu n'allais la maltraiter ou l'abandonner parce qu'elle avait été une mère désastreuse", lit-on.
Elle évoque une vertu poussée à l’extrême, presque obsessionnelle de l'animateur : "Tu as cultivé cette vertu jusqu'au vice. Tu te montres toujours exemplaire avec toutes les vieilles personnes que tu côtoies. Comme si dans chacune d'entre elles il y avait quelque chose de ta mère qui t'obligeait à leur rendre hommage". À travers les souvenirs partagés, c’est tout un pan du passé social et intime de Ruquier qui se dévoile. Né au moment d’un bouleversement familial – l’arrivée au Havre, le passage à la modernité, l’électricité, la télévision –, il a grandi dans un HLM triste, "au cinquième étage sans ascenseur d'une rue grise", avec peu de moyens et une famille nombreuse.