Renvoyée en correctionnelle dans l’affaire Renault-Nissan, Rachida Dati a livré mardi 22 juillet sur LCI une défense sans concession. Face aux accusations de corruption passive et de trafic d’influence, la ministre de la Culture rejette fermement tout pacte illégal avec Carlos Ghosn et pointe les défaillances, selon elle, d’une procédure judiciaire qu’elle juge partiale et irrégulière. Au cœur du dossier, les 900.000 euros d’honoraires perçus entre 2010 et 2012 pour des prestations de conseil à RNBV, une filiale néerlandaise de l’alliance Renault-Nissan. Celle qui était récemment l'invitée de Michel Drucker insiste sur la légitimité de sa mission. Elle affirme avoir agi comme avocate en défendant les intérêts industriels du groupe dans plusieurs pays à risque. "Un jour de fermeture d’usine, en Turquie par exemple, c’est 300.000 euros. Donc si vous voyez les proportions, mes honoraires sont tout à fait en accord avec les usages en vigueur", défend-elle. Selon elle, l’entreprise ne s’est pas constituée partie civile car elle considère que les prestations ont bel et bien été réalisées.
La ministre dénonce aussi le manque de rigueur de l’enquête. Selon elle, des documents essentiels au dossier seraient introuvables, et certaines demandes de confrontations ou d’actes auraient été systématiquement écartées sans justification. "On ne peut pas avoir un dossier dans lequel il manque une pièce et dire 'c'est pas grave, on s'assied dessus'", a-t-elle lancé sur LCI. Elle affirme par ailleurs que plusieurs personnes, qui confirment la réalité de son travail, ont sollicité à être entendues sans jamais l’être. "Je vous ai montré un dossier, que tout ça c’est la preuve de mon activité", martèle-t-elle, déplorant que "tout ça n’existe pas pour certains".
"Toute la procédure a été émaillée d’incidents"
Rachida Dati va plus loin et interroge le calendrier judiciaire. Le même jour que la réception de son ordonnance de renvoi, une commission d’investiture des Républicains se prépare à désigner son candidat pour une circonscription parisienne où elle est en lice. "En 2019 déjà, l’enquête avait été ouverte au moment de ma désignation pour la mairie de Paris. Je pose ça là", glisse-t-elle, laissant entendre un possible arrière-plan politique.
À la charge judiciaire, Dati oppose un contre-récit de victime d’une machine judiciaire dévoyée. Elle accuse certains magistrats de ne pas respecter les règles de procédure, et rapporte même que le procureur financier lui aurait confié son désaccord sur la solidité du dossier. "Toute la procédure a été émaillée d’incidents", martèle-t-elle. "Je suis mise en examen sur un rapport incomplet", assure-t-elle, ajoutant : "Je demande des actes, des confrontations, on me les refuse."
Sur le plan politique, la ministre refuse toute idée de démission. Soutenue par Emmanuel Macron et Gérald Darmanin, elle reste ferme : "Je ne suis pas condamnée. Ils essayent de me mettre un genou à terre, je ne vais quand même pas mettre le deuxième." Et de conclure, en rappelant son autonomie dans cette bataille : "Je n’ai pas besoin que l’on me défende à ma place." En pleine tempête, Rachida Dati entend maintenir le cap, fidèle à sa formule désormais répétée : "Je ne renoncerai sur rien."
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