2006. Le petit monde des médias n’a d’yeux que pour Mélissa Theuriau. Jeune journaliste aux manettes des flashs infos de la matinale de Thierry Gilardi sur LCI, son aisance et son sang-froid en impressionnaient plus d’un. Cela faisait trois ans que la jeune femme gravissait les échelons à une vitesse folle. De quoi séduire les patrons de TF1 (propriétaire de LCI) qui, à la fin de la saison, proposaient à la future compagne de Jamel Debbouze de devenir joker de Claire Chazal, alors en charge des JT du WE sur TF1. Une proposition prestigieuse pour la jeune femme qui n’avait pas encore trente ans, mais qui connaissait – aussi – les dangers d’une surexposition trop rapide.
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Auprès des journalistes de ELLE, Mélissa Theuriau s’est souvenue de cet épisode qui a sérieusement marqué son public (et son CV) à l’époque. "La manière dont on me l’a proposé, voire imposé, m’a paru très violente, se souvenait-elle dans les colonnes de l’hebdomadaire. À l’époque, les dirigeants de TF1 n’ont même pas pris la peine de me demander mon avis. J’ai été convoquée, un jour, dans le bureau de Patrick Le Lay, dans la tour de TF1. Il y avait Robert Namias et Etienne Mougeotte."
Précisant que "Le champagne était déjà au frais", la maman de Léon ajoutait : "Ils me répétaient : C’est une proposition que tu ne peux pas refuser. C’est bien simple, dans ce bureau, entourée de ces hommes de pouvoir, je n’existais pas, j’étais invisible et mon non était inenvisageable. Quel machisme !" Et c’est pourtant un grand "non", les yeux dans les yeux, que Mélissa Theuriau osa prononcer face aux patrons de la première chaîne d’Europe.
Dans Le Parisien, aujourd’hui en France, en 2022, la journaliste devenue productrice de documentaires déclarait au sujet de son refus : "Si on vous enferme dans un 20 heures à 28 ans, c’est terminé. C’est arrivé trop vite et puis, ce n’est pas du tout ce que je voulais faire." Sans vouloir manquer de respect à ses célèbres collègues cathodiques, Mélissa Theuriau ajoutait dans ELLE : "À l’époque, devenir Claire Chazal ou Béatrice Schönberg ne me faisait pas rêver. Ce n’est ni de la fierté mal placée ni de l’arrogance, mais je ne voulais pas m’enfermer dans une voie, même royale, dont j’étais convaincue qu’elle allait me rendre malheureuse." Une décision qu’elle prenait tout en tenant compte de son jeune âge. "Sans parler de la surexposition médiatique qui allait avec, ajoutait-elle dans l’hebdomadaire. Et puis, franchement, j’avais 26 ans, je ne me sentais pas les épaules, ce n’était tout simplement pas le bon timing pour moi…"
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Dire "non" à Patrick Le Lay, Robert Namias et Etienne Mougeotte à l’époque était perçu comme un crime de lèse-majesté. Surtout pour une journaliste pleine de promesses comme Mélissa Theuriau. Lorsque le journaliste de ELLE lui demandait s’il lui arrivait – aujourd’hui – de regretter son refus, l’ex-journaliste de Zone Interdite restait droite dans ses bottes. "Sincèrement, jamais, répondait-elle. Pas une minute. On me le proposerait à nouveau aujourd’hui, je n’en voudrais pas non plus."
Interloquée qu’on évoque toujours cette histoire, quinze ans après, elle ajoutait : "C’est fou comme ce non-événement a marqué les esprits, on m’en parle très souvent. C’était limite une folie d’avoir refusé ce poste ! Je vais vous dire, à chaque étape de ma vie, je me pose la question : Ce choix va-t-il m’apporter plus de plaisir ou plus de contraintes et d’inquiétudes ?" La sanction ne tarda pas à tomber… L’étoile montante de TF1 se transformera en étoile filante, condamnée à disparaître au plus vite de la célèbre tour du Point du Jour.
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Du jour au lendemain, Mélissa Theuriau est devenue celle qui a dit non au patron. Celle avec qui il ne fallait pas être vu à la cantine d’entreprise. Celle qui n’allait pas tarder à prendre la porte. Ce qui arrivait très vite. Remerciée du jour au lendemain, la journaliste était évacuée illico presto. Aux pieds de la tour TF1 avec ses effets personnels dans un carton, la maman de Lila gardait toutefois la tête haute. "Mon badge a été désactivé du jour au lendemain. C’était très violent", racontait-elle dans Le Parisien, Aujourd’hui en France. Afin d’éviter une énième déferlante médiatique, la compagne de Jamel Debbouze décida de se protéger. "J’ai éteint mon portable et je me suis réfugiée à Grenoble, chez mes parents, en attendant que la tempête médiatique passe, se souvenait Mélissa Theuriau dans ELLE. Heureusement que ma famille était là ! Pour mes parents, rien n’est grave tant qu’on est en accord avec ses choix."
En conclusion de cet épisode important de sa carrière, qui la conduira quelques mois plus tard sur M6, Mélissa Theuriau déclarait aux journalistes de ELLE : "J’entends souvent des femmes ou des hommes viser une place que tout le monde veut. Mais ce n’est pas parce que tout le monde la convoite que c’est le job de ses propres rêves !"
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