Alpha sort dans les salles obscures le 20 août prochain. Cette nouvelle réalisation de Julia Ducournau interdite au moins de 12 ans présentée lors du dernier Festival de Cannes, Golshifteh Farahani incarne la maman d'Alpha, adolescente de 13 ans avec qui elle vit. Médecin, elle soigne des patients touchés par un virus tandis qu'elle essaye de garder en vie son frère toxicomane joué par Tahar Rahim. Leur monde s’écroule le jour où elle rentre de l'école avec un tatouage sur le bras...
En promotion pour ce film considéré comme le plus radical de Julia Ducournau, à qui l'on doit également Titane qui avait reçu la Palme d'or du Festival de Cannes en 2021, Golshifteh Farahani a accordé une longue interview au magazine Marie-Claire. L'entretien s'est déroulé dans un hôtel parisien situé en plein coeur du chic quartier de Saint-Germain-des-Prés. Au cours de cet échange, impossible de ne pas aborder l'exil de l'actrice. Née le 10 juillet 1983 à Téhéran en Iran, Golshifteh Farahani n'a eu de cesse de défier le régime des mollahs. Faisant fi du port du voile, découvrant un sein dans la bande-annonce des Révélations aux César en 2012 et posant nue en couverture du magazine Egoïste en 2015, l'Iranienne a toujours défendu ses idées.
Mais il y a dix-huit ans, Golshifteh Farahani a dû s'exiler et est arrivée en France. Une arrivée difficile pour son corps et pour son esprit alors qu'elle ne connaissait pas la culture ni la langue. "J'avais la sensation de vivre un moment où je ne voulais pas exister dans un endroit dont je ne parlais pas la langue et ne connaissais pas les règles. J'étais arrivée mais j'étais morte. J'étais une étrangère et j'allais être une étrangère pour toujours", confie-t-elle à Marie-Claire avant de partager une anecdote bien précise. "Je suis allée fêter les 50 ans de mariage de mes ex-beaux parents (elle était mariée à Amin Mahdavi, frère de la décoratrice India Mahdavi entre 2003 et 2011 ndlr). Tout le monde était heureux mais j'étais comme un fantôme. Je rigolais, je dansais mais je n'existais pas", raconte Golshifteh Farahani.
Ce décalage, l'actrice qui a été en couple avec Louis Garrel l'a vécu au plus profond de son être, au point d'en faire des malaises. "J'avais tellement mal que je m'évanouissais. Ca m'est arrivé au jardin des Tuileries... Cinq heures plus tard, je me suis levée, sans comprendre ce qui s'était passé", se souvient celle qui présidera le jury du 51e Festival du cinéma américain de Deauville le mois prochain. Son remède : dormir. "Le sommeil me protège. C'est une forme de mécanisme de défense. Bébé, je dormais beaucoup trop, il fallait me réveiller pour me donner du lait. Comme si je ne voulais pas être réveillée dans ce monde. Aujourd'hui encore, quand j'ai mal, je reste dans mon lit", explique l'actrice de 42 ans qui n'oubliera jamais où elle est née et d'où elle vient.
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