Mis sur le flanc en 2010 par un cancer du côlon opéré avec succès, endeuillé au printemps 2011 par la disparition brutale de son grand ami le compositeur mexicain Daniel Catan, qui lui avait offert le rôle superbe du poète chilien Pablo Neruda dans son adaptation opératique du chef-d'oeuvre Il Postino, Placido Domingo ne laisse pourtant pas une once de son énergie légendaire dans les épreuves qui s'accumulent.
Lundi 18 juillet, c'est en pleine forme qu'on l'a retrouvé bien loin d'Acapulco, résidence d'été de la famille Domingo, et de Los Angeles, dont il continue de présider aux destinées de l'Opéra jusqu'en 2013 (il n'a en revanche pas renouvelé son contrat avec l'opéra de Washington, arrivé à terme en juin 2011) : le fameux ténor était à Moscou, au Théâtre musical Stanislavsky et Nemirovich Danchenko, pour y donner le coup d'envoi de l'édition 2011 d'Operalia, le concours de chanteurs lyriques né de son initiative.
Fondé en 1993 et basé à Paris mais s'installant à chaque édition annuelle dans une ville différente, Operalia, le plus grand concours planétaire ouvert aux jeunes chanteurs d'opéra âgés de 18 à 30 ans sans restriction de sexe ni de tessiture, a permis ou du moins favorisé l'avènement de vedettes du genre, tels Brian Asawa, Joyce DiDonato, Inva Mula, Ana María Martínez, Susanna Phillips, Nina Stemme, Maija Kovalevska ou encore Rolando Villazon. Chaque année, près de 1000 candidatures sont adressées, et les 40 meilleures sont retenues pour la compétition (dotée de dix prix, la zarzuela si chère au coeur de Placido étant également primée) devant un panel de trois jurés. Cette formidable opération de repérage et de valorisation des jeunes talents de l'art lyrique, qui avait distingué en 2010 le ténor Stefan Pop et la soprano Sonya Yoncheva, se tient donc en 2011 à Moscou, du 18 au 24 juillet. La finale, disputée par 10 prétendants, consistera en un concert de gala dirigé par Placido Domingo lui-même.
A 70 ans, Placido Domingo oeuvre plus que jamais et avec une énergie intacte pour le rayonnement culturel : il a d'ailleurs pris en juin 2010 le relais de l'infante Pilar de Bourbon à la présidence d'Europa Nostra, association pan-européenne dédiée à la valorisation de l'héritage culturel continental.