Tout semblait aller bien au sein du clan Schumacher. Fin mars, la famille s’agrandissait avec la naissance de Millie, premier enfant de Gina Schumacher, la fille du septuple champion du monde. Une bonne nouvelle célébrée dans l’intimité. Dans le silence habituel qui entoure sa vie depuis son accident de ski en 2013, ce moment de bonheur marquait une rare éclaircie. Mais à peine quelques semaines plus tard, une nouvelle bien plus sombre frappait la famille.
En effet, le pilote allemand a perdu un homme particulièrement important dans sa carrière. Peu connu du grand public, mais très respecté dans le monde du sport automobile, il fut un guide décisif pour le jeune Schumacher au moment où celui-ci entamait sa carrière professionnelle. Dans l’univers exigeant de l’endurance, ce pilote expérimenté lui a appris bien plus que la conduite à haute vitesse : il lui a transmis la rigueur, l’humilité et l’intelligence de course. Leur rencontre remonte à la fin des années 1980, chez Sauber-Mercedes, alors que le constructeur allemand misait sur une génération montante de pilotes prometteurs.
C’est là que Michael Schumacher a croisé la route de Jochen Mass. À bord de la mythique Sauber-Mercedes C11, l’ancien pilote allemand a pris sous son aile le jeune espoir. Ensemble, ils ont formé un duo redoutable. Jochen Mass, fort de son expérience en Formule 1 et en endurance, a su enseigner les subtilités du métier au jeune homme qu’était Schumacher à l’époque. La gestion mentale, la lecture du circuit, la patience. Autant de qualités qui deviendront la marque de fabrique du futur champion.
Jochen Mass n’a jamais cherché la lumière. Né en Bavière, il rêvait d’abord de navigation avant de se tourner vers le sport automobile. Il débute modestement au volant d’Alfa Romeo prêtée pour des compétitions locales, avant d’accéder à la F1 en 1973. Il court pour Surtees, puis McLaren, aux côtés d’Emerson Fittipaldi. En 1975, il décroche son unique victoire en Grand Prix, en Espagne. Jusqu’en 1982, il dispute 114 Grands Prix, signe huit podiums, et laisse l’image d’un pilote fiable, constant et respecté.
Mais c’est après la F1 que Jochen Mass marque véritablement l’histoire. Pilier de l’endurance, il remporte les 24 Heures du Mans en 1989 avec Porsche et s’impose comme un acteur incontournable du championnat. À partir de 1988, lorsqu’il rejoint Sauber, son rôle évolue : il devient formateur. Son calme, sa rigueur et sa vision de la course en font un mentor idéal pour les jeunes talents. Il aide alors à faire éclore plusieurs futurs grands noms, dont Michael Schumacher.
Décédé le 4 mai dernier à Cannes, des suites de complications après un AVC survenu en février, Jochen Mass laisse derrière lui une empreinte immense. Depuis l’annonce de sa mort, les hommages se succèdent dans le milieu de la course. Plusieurs circuits prestigieux, dont Le Mans et le Nürburgring, ont prévu des gestes symboliques pour saluer la mémoire de cet homme au palmarès riche, mais à l’humilité plus grande encore. Pour Michael Schumacher, dont l’état de santé reste entouré de mystère, cette disparition résonne de manière particulière.
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