Nathalie Baye

Nathalie Baye, actrice française très populaire, a été la comédienne la plus utilisée de sa génération et l'une des plus récompensées avec quatre César. Elle a également été une icône pour la presse du coeur, qui a suivi avec intérêt ses histoires d'amour successives avec Philippe Léotard, Johnny Hallyday, père de sa fille Laura Smet, Pierre Lescure et Jean-Louis Borloo. Sa vie privée est depuis des années un jardin secret bien gardé.

Nathalie Marie Andrée Baye naît le 6 juillet 1948 à Mainneville, dans l'Eure. Ses parents sont artistes peintres et acceptent qu'elle arrête ses études à 14 ans pour intégrer une école de danse à Monaco, tout en suivant des cours par correspondance. Elle part ensuite pour les Etats-Unis parfaire sa formation artistique. De retour à Paris, elle continue la danse et s'inscrit en parallèle au Cours Simon, avant d'être reçu au Conservatoire national supérieur d'art dramatique, où elle est diplômée en 1972.

Sa première apparition au cinéma est non créditée, dans Brève rencontre à Paris (1972) de Robert Wise, un film américain tourné à Paris, avec Peter Fonda et Lindsay Wagner (Super Jaimie). Mais elle est remarquée dès son film suivant, La Nuit américaine (1973) de François Truffaut, où elle joue la script, aux côtés de Jacqueline Bisset. Le film remporte l'Oscar du meilleur film étranger. Son talent ne tarde pas à être remarqué et elle enchaîne les films avec des réalisateurs de premier plan : Maurice Pialat (La Gueule ouverte, 1974), Claude Pinoteau (La Gifle, 1974), Nadine Trintignant (Le Voyage de noce, 1975), Claude Sautet (Mado, 1976), Marco Ferreri (La Dernière femme, 1976), Alain Cavalier (Le Plein de super, 1976). Les rôles sont minces, mais la filmographie s'étoffe. Truffaut la rappelle pour L'Homme qui aimait les femmes (1977) et La Chambre verte (1978). Elle a pour la première fois un premier rôle dans Monsieur Papa (1977), puis dans La Chambre verte. Elle séduit aussi bien les réalisateurs populaires que les auteurs, et c'est justement pour un film de Jean-Luc Godard, Sauve qui peut la vie (1980) qu'elle reçoit son premier César, comme meilleure actrice dans un second rôle.

Cette récompense (elle en aura trois autres, et un nombre encore plus conséquent de nominations) inscrit Nathalie Baye sur la liste des comédiennes incontournables de sa génération, désormais abonnée aux premiers rôles. Elle tourne alors plusieurs films par an : Une semaine de vacances (1980) de Bertrand Tavernier avec Gérard Lanvin et celui qui partage alors la vie de Nathalie Baye, l'acteur Philippe Léotard, qu'elle a rencontré en 1972 (le couple se séparera en 1982), La Provinciale (1980) de Claude Goretta, Je Vais Craquer (1980) avec Christian Clavier, Une Etrange affaire (1981) avec Michel Piccoli et Gérard Lanvin, qui lui rapporte un nouveau César du meilleur second rôle, Beau-Père (1981) de Bertrand Blier avec Patrick Dewaere, Le Retour de Martin Guerre (1982), un gros succès populaire avec Gérard Depardieu... Nathalie Baye est en permanence à l'affiche. La Balance (1982), où elle joue une prostituée dans un film policier situé dans les bas-fonds parisien, est un triomphe populaire, avec plus de quatre millions d'entrées, un César du meilleur film et pour elle le César de la meilleure actrice.

En à peine dix ans de carrière, elle a déjà trois statuettes sur sa cheminée, un record. Elle a pour partenaire dans ce film Philippe Léotard, mais leur histoire s'achève et elle rencontre, sur un plateau de télévision, Johnny Hallyday. Leur couple va être très médiatisé, c'est un peu l'alliance de la carpe et du lapin, entre le rockeur un peu fruste et l'actrice intellectuelle, mais la naissance de leur fille Laura Smet, en 1983, confirme que leur histoire est sérieuse. Elle est absente des écrans cette année-là, mais revient en 1984 avec une collection de films majeurs : Notre histoire de Bertrand Blier, dont elle partage l'affiche avec Alain Delon, Rive Droite Rive Gauche, de Philippe Labro et avec Gérard Depardieu, un condensé de cinéma français bourgeois établi qui fait 1,5 million d'entrées, et Détective, un événement, puisqu'elle a suscité un film de Jean-Luc Godard avec elle et son compagnon Johnny Hallyday, qui entre donc dans la galaxie du réalisateur-auteur le plus emblématique, avec un policier émaillé de références à Shakespeare, au surréalisme et à la musique classique.

On se souvient aussi de son texte d'introduction à la chanson Quelque chose de Tennessee, où elle lit quelques phrases de Tennessee Williams. La même année, elle est encore nommée au César pour J'ai épousé une ombre (1983), un thriller familial avec Francis Huster.

Comédienne versatile, à l'aise dans tous les registres, du drame à la comédie, elle continue par la suite à être l'une des actrices les plus employées de sa génération et du cinéma français, avec une moyenne de deux films par an. En ce début des années 90, on peut citer La Baule Les Pins (1990) de Diane Kurys avec Richard Berry, Un Week-end sur deux (1990) de Nicole Garcia ou Les Soldats de l'espérance (1994), un film américain de Roger Spottiswoode avec Matthew Modine. En 1999, son rôle dans Vénus Beauté (Institut), de Tonie Marshall, lui vaut une nouvelle nomination au César de la meilleure actrice (le film en récolte quatre, par ailleurs), tandis qu'Une Liaison pornographique lui rapporte la Coupe Volpi à la Mostra de Venise, l'équivalent du Prix d'interprétation à Cannes.

Elle ne ralentit pas le rythme dans les années 2000, avec jusqu'à quatre films en 2002 et autant en 2006. Avec son lot d'échecs cuisants, comme Absolument Fabuleux (2001) avec Josiane Balasko, toutes deux incapables de retrouver la verve trash des deux icônes anglaises de la série originale, et de réussites, comme Attrape-moi si tu peux (2002) de Steven Spielberg, avec Leonardo DiCaprio, qui fait 350 millions de dollars de recettes. On la voit dans La Fleur du mal (2002) de Claude Chabrol, France Boutique (2002) de Tonie Marshall avec François Cluzet et Karin Viard, Les Sentiments (2002) de Noémie Lvovsky. Puis dans le drame L'un reste l'autre part de Claude Berri (2005), avec Charlotte Gainsbourg et Daniel Auteuil. Elle campe une policière marquée par l'alcool et un drame familial de Le Petit Lieutenant, de Xavier Beauvois, qui lui rapporte un nouveau César de la meilleure actrice. Parmi les vingt-deux films qui bénéficie de sa présence dans la décennie, on se souvient de Ne le dis à personne (2006), le premier gros succès de Guillaume Canet comme réalisateur, de Michou d'Auber (2007), jolie comédie dramatique avec Gérard Depardieu, ou de Cliente (2008) de Josiane Balasko, d'après le roman de cette dernière, sur la prostitution masculine.

Elle tourne encore seize films dans les années 2010, parmi lesquels on retient ses deux films avec le prodige canadien Xavier Dolan, Laurence Anyways (2012) et Juste la fin du monde (2016) avec Vincent Cassel, Léa Seydoux, Marion Cotillard et Gaspar Ulliel, remarqué à Cannes, et pour lequel elle obtient une nouvelle nomination au César. Elle est aussi la vedette des Gardiennes (2017) de Xavier Beauvois, où Laura Smet joue sa fille. Elle est aussi l'actrice du premier court-métrage de cette dernière.

Avec cette filmographie plantureuse, Nathalie Baye n'a guère eu le temps de jouer pour la télévision, en dehors de ses premiers petits rôles de débutante, dans les années 1970. Elle a néanmoins apporté son éclat dans quelques téléfilms, dont Marie Octobre (2008) de Josée Dayan, reprenant le rôle de Danielle Darrieux dans le film de Duvivier en 1959. En 2011, elle est l'héroïne de 5 Fois Nathalie Baye, une collection de cinq courts métrages où elle joue, puis on la voit dans 10 Pour Cent en 2015 et en héroïne de Nox, une série policière de Canal + en 2018. Elle a été plus présente au théâtre, où elle avait commencé en 1971 dans Galapagos, mise en scène par Bernard Blier, au théâtre de la Madeleine. Elle a ensuite joué Pirandello en 1973, Tchekhov en 1978, Marivaux en 1993, La Parisienne, une pièce du XIXe siècle, en 1995, un spectacle autour de l'humoriste suisse Zouc en 2006, et Hiver de Jon Fosse en 2009.

Après sa séparation d'avec Johnny Hallyday en 1985 (ils resteront en bons termes, et très liés), elle fréquente un temps Pierre Lescure, alors PDG de Canal+, puis le politicien Jean-Louis Borloo, alors maire de Valenciennes. Depuis, l'actrice a cultivé un secret bien gardé sur sa vie privée.

Nommée chevalier de la Légion d'honneur dans la promotion du Nouvel An 2009, Nathalie Baye a été élevée en 2018 au rang d'officier.

Début février 2020, l'actrice a suscité l'inquiétude suite à son hospitalisation à l'hôpital Cochin en raison de "complications broncho-pulmonaires après une grippe".