
17 juillet 2010, la France se réveillait en apprenant la disparition de Bernard Giraudeau des suites d’un cancer. L’acteur avait 63 ans et laissait derrière lui deux enfants : Gaël (né en 1982) et Sara (née en 1985). Mère de ces deux enfants et compagne du comédien pendant près de quinze ans, Anny Duperey a mis du temps avant d’évoquer la disparition de Bernard Giraudeau. Elle le fera, dans les colonnes d’Ici Paris, en septembre 2010. "J'aurais quand même aimé avoir un peu plus de temps pour réfléchir à tout ce pan de ma vie qui est parti avec lui, expliquait la comédienne. Je pense juste à vivre. La mort de Bernard m'a plongée dans un état d'obéissance, en fait."
Aux côtés de celui qui lui avait donné deux enfants jusqu’à la fin, la comédienne ajoutait : "[Bernard] s'est rendu compte que la vie était précieuse et qu'il fallait tout apprécier jusqu'à la fin. Dans les derniers moments, Bernard ne pouvait plus bouger et malgré tout, il avait encore envie de profiter de tout, de voir ses enfants. [...] Le cancer lui a apporté une fraternité avec les autres, il était devenu plus accessible, plus tendre, plus chaleureux."

À l’annonce de la disparition de Bernard Giraudeau, artistes et politiques rendirent de nombreux hommages. Pierre Arditi déclarait : "C'est un ami très cher qui vient de partir. Un homme profond, ce que l'on appelle un homme avec une grande fragilité. Il s'est battu comme un héros qu'il était. Il était exactement ce que nous devrions tous être." Robin Renucci ajoutait : "Il a commencé dans ce désir de voyage et d'inconnu. Jusqu'au bout, il était en quête d'absolu."
Très impacté par la disparition de Bernard Giraudeau, Michel Drucker était passé le voir quelques jours avant sa mort et se souvenait : "Il était une ombre, évidemment, il était d'une minceur impressionnante, mais il y avait son regard : cette force du regard, ce regard bleu, ce regard impressionnant qui a fait de lui cet acteur qu'on n'oubliera jamais. C'est un homme épatant, un homme en acier qui s'est battu jusqu'au bout. " Un témoignage auquel l’homme au canapé rouge ajoutait : "Il y a quelques jours, il m'a dit : Tu vois, je rentre au port, comme La Jeanne d'Arc [à bord duquel Bernard Giraudeau, formé dans la Marine nationale, fit deux campagnes et autant de tours du monde, NDLR]. Les hasards de la vie font que le navire-école porte-hélicoptères Jeanne d'Arc a pris sa retraite il y a quelques jours, il est rentré au port après 50 ans de bons et loyaux services. Il m'a dit : 'Tu vois, on rentre au port tous les deux, la boucle est bouclée'…" Touchée par tant d’attentions, Anny Duperey déclarait dans Ici Paris : "Ces beaux reportages diffusés sur lui, ça a fait un bien fou à nos enfants."

Quinze ans après la disparition de Bernard Giraudeau et à quelques jours de son anniversaire (l’acteur était du 18 juin), Anny Duperey est revenue sur ses quinze ans d’amour avec le comédien dans les colonnes de La Tribune du dimanche. Un entretien dans lequel l’actrice se montrait très lucide sur sa vie de couple avec l’acteur aux yeux d’acier. Alors en pleine déception amoureuse avec Francis Perrin, la comédienne était vite tombée sous le charme de la tête d’affiche du Ruffian. "J’avais tout de suite senti que le bonhomme n’était pas facile, se souvenait la comédienne. Nous avions le même sourire, le même âge à huit jours près, la même taille, une énergie exceptionnelle avec la même passion pour la danse."
Une harmonie qui durera près de quinze ans et verra deux enfants venir au monde. Un choix qui n’était pas celui d’Anny Duperey au départ… "Bernard, qui n’était pas toujours un fin psychologue, m’a dit un jour : C’est un suicide si tu ne veux pas d’enfants. J’ai immédiatement reconnu la justesse implacable de cette phrase. C’était le suicide de toute une lignée…"

Chez les Giraudeau-Duperey, l’amour durera moins de vingt ans. "Après quinze ans d’amour intense, Bernard a fini par avoir envie de voyage, d’autres choses, constatait Anny Duperey. Une jolie façon de dire que le monsieur allait voir ailleurs… "Ça, je le savais, finissait-elle par avouer. Mais je n’en tenais pas beaucoup compte. Bernard avait aussi la méfiance du bonheur. Lorsque tout allait bien, il me disait : 'On devient cons'."
Elle aussi avec des envies d’ailleurs, Anny Duperey finissait par quitter le navire. "J’ai fini par partir car je n’allais pas arriver à le changer, concluait l’autrice de Respire, c’est de l’iode. Malheureusement, c’est le cancer qui lui a fait comprendre qu’il n’aurait jamais dû se méfier du bonheur." Un cancer qui l’empêche de souffler, ce mercredi 18 juin 2025, ses 78 bougies…


