






33 ans… C’est l’âge qu’avait Daniel Balavoine lorsqu’il s’est éteint suite à un terrible accident d’hélicoptère dans le ciel du Mali le 14 janvier 1986. Un âge christique. Un accident tragique raconté il y a tout juste cinq ans, par l’homme qui avait retrouvé la dépouille du chanteur. Sur le Paris-Dakar pour la radio Europe 1, le technicien Dominique Fillon se souvenait de ce 14 janvier comme si c’était hier. "La rumeur a couru dans le bivouac qu’il y avait eu un accident d’hélicoptère, racontait-il sur l’antenne qui l’employait à l’époque. Les témoins de l’accident étaient en voiture. L’hélico volait au-dessus d’eux et ils l’ont vu disparaître, puis réapparaître avant de s’écraser. Quand ils ont atteint la ligne d’arrivée, ils ont annoncé au commissaire présent sur place qu’ils avaient vu un accident." Malgré la nuit tombée, Dominique Fillon décidait de se rendre en voiture sur les lieux du crash, accompagné du journaliste Gérard Jouany.

"Sur leurs instructions, on a découvert l’épave de l’hélicoptère dans nos phares. On est descendus, et avec des lampes de poche on a commencé à chercher, dans les débris, les personnes qui étaient là, ajoutait le technicien. On a tout de suite reconnu, parce qu’on les connaissait bien, Thierry Sabine, l’organisateur du rallye, François-Xavier Bagnoud, le pilote de l’hélico, et Jean-Paul Le Fur, un copain de RTL. Et puis on a trouvé deux cadavres que l’on n’identifiait pas." Après vérification, les deux corps en question étaient ceux de la journaliste du Journal du Dimanche Nathalie Odent et du chanteur Daniel Balavoine. Bien conscients que cette perte allait choquer l’Hexagone, Dominique Fillon et Gérard Jouany gardaient l’information pour eux toute la nuit.
Le lendemain, quand la France apprend l’accident d’hélicoptère, le choc est violent. Au Mali en parallèle du Paris-Dakar pour superviser une opération humanitaire, Daniel Balavoine devait rentrer rapidement à Paris où Corinne, sa compagne et mère de leur petit Jérémie, l’attendait, enceinte de leur deuxième enfant. Femme de l’ombre de Daniel Balavoine depuis leur rencontre en 1981, Corinne Barcessat a beaucoup de mal à accuser le coup. Rongée par une tristesse immense, elle n’assistera pas aux obsèques du "terrien en détresse" le 20 janvier 1986. Journalistes, proches et fans du chanteur comprendront cette ultime pudeur dans la douleur. C’est pour elle qu’il écrivait et chantait, en 1985, L’Aziza, l’un de ses plus grands tubes. C’est pour Corinne qu’il s’impliquera dans ses œuvres humanitaires en Afrique du Nord.
Le sort s’acharne. En juin 1986, Corinne Barcessat accouche de Joana. La jeune maman doit lutter contre l’état civil pour faire reconnaître la petite comme étant la fille de Daniel Balavoine et, donc, lui attribuer le nom de famille de l’artiste disparu. "C’est une belle histoire que ma maman m’a expliquée à l’adolescence, se souvenait Joana en 2015 dans Paris Match. Je suis née en juin 1986, mon papa est mort cinq mois avant… Et, naturellement, comme ils n’étaient pas mariés, je portais le nom de ma mère. Sauf qu’elle a souhaité, tout de suite après ma naissance, que je puisse aussi porter le nom de mon père." Ce qui semblait n'être qu'une simple formalité à l’état civil se transformait en un véritable casse-tête chinois.

"Notre avocat, Sylvain Jaraud, a engagé à ma naissance une procédure judiciaire pour me faire reconnaître post mortem par mon père et, donc, pour porter son nom, ajoutait la jeune femme qui a traversé pas mal d’années torturées. Il a fallu faire des démarches administratives un peu fastidieuses, qui finalement ont abouti. En effet, juste avant sa disparition, papa avait plusieurs fois annoncé à des médias que maman était enceinte, ce qui attestait ainsi de la véracité des faits. C’est donc grâce aux journaux que je porte mon nom. [Rires.] Et, effectivement, sur mon acte de naissance, il y a le nom de jeune fille de ma mère qui est barré et Balavoine inscrit juste à côté. C’est une jolie histoire."

De son côté, Corinne Barcessat n’accordera jamais un quelconque entretien avec un journaliste. L’héritage Balavoine, elle le gère à distance, laissant à ses deux enfants ayants droit et à Claire Balavoine (la sœur du chanteur) la main libre sur l’œuvre de l’interprète de Tous les cris les SOS. Au début des années 2000, elle épouse un homme connu du PAF français. Cité dans le jingle devenu très populaire "magnéto Serge", lancé dans les émissions par Thierry Ardisson pour présenter des vidéos promo d’artistes, Serge Khalfon était le producteur historique de l’homme en noir. Une figure hertzienne de l’ombre que Corinne épousait il y a un quart de siècle. En 2014, c’est sous le pseudonyme de Coco Khalfon qu’elle co-signa, avec l’animatrice télé Cendrine Dominguez, un livre sur le syndrome du nid vide (Trois petits tours et les enfants s’en vont – JC Latès).
Aujourd’hui, Corinne Khalfon ne veut toujours pas des feux des projecteurs. Ce qui ne l’empêche pas pour autant de garder un œil sur l’œuvre de celui pour qui sa couleur et ses mots… tout lui va. Celui qui aurait eu 71 ans ce 5 février 2025… Daniel Balavoine.