“On se demande comment utiliser au mieux les dix ou vingt ans de vie active, créatrice, qui restent. Pour moi, aujourd'hui, les lampadaires sont faiblards et je ne vois pas bien la route devant. Elle n'est pas éclairée au néon.” En novembre 1997, fraîchement débarqué du journal télévisé de France 2 par le directeur de l’information Albert du Roy, Bruno Masure confiait au journal Le Monde son pessimisme quant à son avenir professionnel et personnel. Il affirmait également avoir reçu beaucoup de courrier de soutien des téléspectateurs qui l’appréciaient. “Je sais maintenant que je n'ai pas ramé dans le vide, savourait le Lillois de naissance. Les téléspectateurs analysent bien mieux ce qu'ils voient sur le petit écran que les pseudo-spécialistes. Ils ont bien compris, eux, ce que j'ai essayé de faire : maintenir une distance par rapport à la quête du scoop, aux vraies-fausses guerres et aux vrais-faux attentats. C'est réconfortant et perturbant aussi, car je me dis : s'il y a autant de gens qui appréciaient mon boulot, pourquoi donc mes patrons m'ont-ils jeté dans la coulisse ?”
Presque trente ans plus tard, Bruno Masure peut se réjouir. La suite de sa carrière et de sa vie n’a pas été un long tunnel mais plutôt une agréable balade. Dès 1999, et jusqu’en 2003, Michel Drucker l’invitait à assurer la fonction de chroniqueur dans son émission “Vivement dimanche prochain” diffusée juste avant… le journal de 20 heures de France 2. Il y tenait un billet d'humour et d'humeur très apprécié. De 2005 à 2011, il était journaliste et chroniqueur sur France Inter dans l'émission “Le Fou du roi” de Stéphane Bern. Parallèlement, le journaliste a continué d’écrire des livres, une vingtaine à ce jour. Le dernier, Élysée Academy (Hugo Document) est sorti en 2017.
© Abaca Press, Guignebourg Denis/ABACA
À cette occasion, Bruno Masure avait accordé au magazine Rolling Stone une interview décapante dont il a le secret, s’en prenant notamment au journaliste, aujourd’hui décédé, Jean Pierre Elkabbach : “Je pense que c’est un très mauvais interviewer contrairement à ce qu’il dit. Il coupe la parole au bout de douze secondes. Il ne laisse jamais une pensée se développer un minimum. Il fait les questions et les réponses et à la fin ça devenait pathétique. C’est très bien qu’il disparaisse des ondes.” Depuis qu’il est la retraite, Bruno Masure a retrouvé sa liberté de parole et c’est à cela qu’il occupe une bonne partie de son temps ! Il s’en est lui-même amusé, il y a deux ans, dans les pages du magazine Gala : “Je voyage, je tweete, je m’occupe de mes chats… Tout va bien ! Quand on la chance d’avoir une retraite convenable, être payé à rien faire est absolument génial.” Transparent, il a même révélé ses salaires passés : “Je ne suis vraiment pas à plaindre. J’ai eu la chance d’être bien payé une grande partie de ma vie. À TF1, j’ai d’abord gagné 60 000 francs (12 800 euros) puis 80 000 francs (17 000 euros) par mois. Ensuite, j’ai voulu retrouver le service public, donc je gagnais 60 000 à nouveau sur France 2.”
© BestImage, JEAN LOUIS MACAULT / BESTIMAGE
Mais il serait faux d’écrire que l’auteur du livre La télé rend fou... mais j'me soigne ! (Plon, 1987) ne fait rien. Très actif sur Twitter, sur le compte “bruno masure (6 doses)”, il confie quotidiennement ses colères et réflexions. Comme le 4 octobre dernier, quand il fustigeait la principale radio publique de France : “La nullité absolue des tocards de France Inter qui claquent un pognon de dingue pour une pub qui ne donne même pas le nom de l'invité(e) ! Adele Van Reeth, vous êtes une catastrophe ambulante !” En juillet dernier, Bruno Masure a aussi eu maille à partir avec un célèbre ex-cycliste qu’il a éreinté sur le site cyclisme-dopage.fr pour ses commentaires télévisés sur le Tour de France : “J'en veux énormément aux commentateurs de ne jamais prononcer le mot dopage, jamais, même devant les exploits de Pogacar ou d'Armstrong, jadis ! Avoir choisi comme 'commentateur' un dopé non repenti comme Jalabert est, pour moi, la honte du service public (et de RTL) !” Sur Instagram, Laurent Jalabert lui a répondu ceci : “Gardez votre énergie pour votre vie, vraiment. Vous vous remercierez…” N’en déplaise à l’ex-champion, Bruno Masure n’a pas l’intention de passer une retraite inactive et devrait continuer à égratigner ses contemporains !

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