Drôle d’enfance que celle de Lou Doillon. Fille de Jane Birkin et du réalisateur Jacques Doillon, c’est cachée que son arrivée sur Terre se fera… Dans une longue interview accordée à Madame Figaro en 2015, la petite sœur de Charlotte Gainsbourg et Kate Barry ironisait sur l’omniprésence de Serge Gainsbourg dans la vie de sa mère, même après leur rupture. "Ma mère a longtemps caché sa grossesse à Serge Gainsbourg quand elle m'attendait, puis, plus tard, elle m'emmenait le voir en cachette de mon père, se souvenait, il y a dix ans de cela, la chanteuse. Je pense que c'était aussi par rapport au public. Gainsbourg était quand même tous les soirs à moitié en larmes à la télé, en accusant mon père de tous les maux. Pourtant, il avait déjà Bambou et Lulu dans sa vie. C'était également un jeu de sa part."
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Née en 1982, soit deux ans après la séparation de Serge Gainsbourg et Jane Birkin, Lou Doillon apprendra à vivre avec ce second papa jamais très loin. "Serge était toujours à la maison, entre mon père et ma mère, j'ai grandi avec lui, en pensant très fort au moment où il allait enfin laisser mes parents s’aimer tranquillement, racontait Lou Doillon en 2012 dans Obsession, le supplément culturel de L’Obs à l’époque. Petite, je l'amusais parce que je lui rentrais dedans, je n'avais pas peur de lui et, en même temps, j'étais folle de lui. Il était le Judas de ma vie et je me demande ce qu'il penserait de ma musique... J'ai été heureuse de faire écouter mon album à la sœur de Serge, qui m'a dit que, comme lui, je savais faire des mélodies."
Dans Les Inrocks, à cette même période, Lou Doillon révélait que Serge Gainsbourg avait vécu avec ses parents près de huit ans. Une cohabitation qui pouvait poser problème entre le compositeur de génie qu’il était et le tout aussi grand artiste qu’est Jacques Doillon. Deux égos obligés de vivre l’un à côté de l’autre, avec femme et enfants… Cela peut poser problème… "Serge avait tendance à penser qu'en dehors de lui et des compositeurs classiques, il n'y avait pas grand-chose qui valait la peine, soulignait la maman de Marlowe. En revanche, mon père, d'un tempérament très curieux, possède une grande culture musicale. Il m'a fait découvrir Leonard Cohen, Nick Drake, Siouxsie and the Banshees ou The Clash. Il écoute aussi beaucoup de musique indienne, pakistanaise, marocaine ; il vit en permanence entouré de musique, et je tiens ça de lui."
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Qualifiée de "bâtarde de la famille royale" par un journaliste de Vanity Fair en mars 2019, Lou Doillon précisait que ce surnom (qu’elle aimait bien) n’était pas son idée. "D’un point de vue mythologique, c’est mon talon d’Achille, avouait la jeune femme. C’est le seul endroit faible. Tout le reste est en cuir. Comment répondre à quelque chose comme : Et si tu n’étais pas la fille de ta mère ? Impossible de répondre à cela. Et je n’en sais rien, je ne pourrai jamais le savoir."
Convenant de sa fragilité face à de tels arguments, Lou Doillon ajoutait : "Il n’y a pas un seul papier qui, lorsque l’on n’aime pas ce que je fais, parle de moi : si l’on n’aime pas ma musique, c’est parce que je suis la fille de quelqu’un, parce que je prends la place de quelqu’un. Les pires papiers que j’ai lus ont toujours à voir avec la famille." Et même lorsque Lou Doillon n’y est pour rien, sa célèbre famille recomposée revient sur le devant de la scène sans crier gare…
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Prenez par exemple Stéphane Manel, compagnon actuel de Lou Doillon, papa de leur petit Laszlo, né en juillet 2022. L’ombre de Serge Gainsbourg s’est posée sur cet illustrateur de talent, bien des années avant la rencontre avec la fille de Jacques Doillon et Jane Birkin… Dans la bio qui lui est consacrée chez Bédéthèque, nous apprenons que son premier fait d’armes salué à ses débuts était l’illustration de la pochette de la réédition du Poinçonneur des Lilas, en 1998. Un album culte de Serge Gainsbourg.
"Son travail est connu aussi bien au Japon, aux États-Unis, qu'en Europe, apprend-on au sujet du très discret compagnon de Lou Doillon. Ses illustrations (mode, presse, publicité, musique, édition) se retrouvent régulièrement dans des magazines, par exemple celle du magazine Little White Lies en 2010 ou le Vogue français. En 2013, il dessine pour The New Yorker d'octobre 2013 un portrait de Donna Tartt. Il relooke le brumisateur Évian en 2008. Stéphane Manel est aussi réalisateur de vidéos depuis 2007 (Pacific! et Chromeo). En 2014, il publie Générique, un recueil de dessins de personnalités du cinéma, accompagnés de textes d'Olivier Nicklaus, édité chez Colette, ouvrage qui accompagne son exposition personnelle d'une soixantaine de portraits originaux de comédiens."
Sa dernière participation autour d’un projet gainsbourien remonte à 2011, où il signe plusieurs illustrations pour le livre Intégrale Gainsbourg : L’histoire de toutes ses chansons. Un nouvel artiste chez les Doillon - Gainsbourg qui avait déjà le sens de la famille sans le savoir…
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