À 76 ans, Jean-Michel Aulas aurait pu savourer une retraite paisible. Fort d’une fortune estimée à 450 millions d’euros, l’ancien président de l’Olympique lyonnais profite depuis quelques années d’une "troisième vie", comme il la décrit lui-même dans son autobiographie Chaque jour se réinventer. Aux côtés de sa compagne Ludivine, administratrice judiciaire de 45 ans, et de leurs familles recomposées - ses petits-enfants de 5 et 6 ans, les trois enfants de sa compagne -, Aulas semblait destiné à des étés à Saint-Tropez et à un rôle de patriarche bienveillant. Mais l’homme d’affaires en a décidé autrement.
"Après un voyage d’études aux États-Unis, il fonde Cegid, en 1983, qui développe des logiciels de gestion. Un gros succès", rappelle Paris Match. Rapidement, celui que Bernard Tapie repère propose son nom pour reprendre l’OL, alors en D2. L’histoire est connue : en 1987, Aulas relève le défi, ramène le club dans l’élite et bâtit en 36 ans l’un des plus grands palmarès du football français.
Évincé en 2023 par John Textor, le nouveau propriétaire américain, Aulas n’a pourtant jamais cessé d’être actif. Comme le soulignait Le Parisien, il s’est investi dans la transformation du football féminin et pourrait bientôt présider la future Ligue professionnelle féminine. Mais son appétit dépasse désormais le terrain sportif.
Le 25 septembre 2025, il a officialisé sa candidature à la mairie de Lyon dans une lettre adressée aux habitants : "C’est à vous, Lyonnaises et Lyonnais, que je présente ma candidature pour devenir maire de notre ville. Le choix de me présenter est un engagement total." Il précise aussitôt : "Ma candidature ne sera pas celle d’un parti, mais celle d’un Lyonnais qui s’engage pour sa ville." Le slogan choisi, Cœur Lyonnais, fait écho à l’attachement viscéral de l’homme à son territoire.
La réalité politique, toutefois, est plus nuancée. Bien qu’il affirme se lancer "sans étiquette", il a été investi par Les Républicains, soutenu par Laurent Wauquiez mais aussi par Gabriel Attal et le parti Horizons d’Édouard Philippe. Une position délicate pour celui qui avait juré à ses proches qu’il ne ferait jamais de politique. Paris Match rappelle : "La politique ? Ses proches étaient contre et il a toujours juré qu’il n’en ferait pas."
Face au maire écologiste sortant Grégory Doucet, qui brigue un second mandat, Aulas met en avant sa vision : "Je veux que Lyon redevienne une ville sûre, où l’on peut sortir le soir sans crainte. Une ville verte, portée par le bon sens, sans dogmatisme. Une ville qui rayonne en France et dans le monde." Ses adversaires soulignent son âge et une méconnaissance supposée des compétences municipales. Lui balaie les critiques : "Je suis en forme, je voyage beaucoup et suis très suivi. Plus on continue à faire fonctionner son cerveau et son corps, plus on garde une sorte de dynamisme. Et l’expérience prévaut !"
À l’heure où d’autres se contenteraient d’un rôle de grand-père comblé, Aulas choisit le combat électoral. Un pari risqué, mais à l’image de sa carrière : audacieuce.
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