Joe Arroyo, le prince colombien de la salsa, est mort à 55 ans...

La Colombie rayonne sur la scène musicale internationale grâce à ses vedettes Juanes et Shakira, mais le pays est presque en situation de deuil national avec la disparition brutale de Joe Arroyo : le chanteur d'exception à la voix d'or, idole de la salsa aussi réputée pour ses démons, est mort le 26 juillet 2011 à Barranquilla, à l'âge de 55 ans...

Dans les années 1990, Alvaro José "El Joe" Arroyo avait été pris dans la spirale infernale de la drogue et frappé de plein fouet par le décès de sa mère des suites d'une liposuccion. Il avait frôlé la mort en 2000, sombrant dans un coma de trois mois en raison d'un problème à la thyroïde - ou d'une overdose de cocaïne, pour d'autres sources. S'il en réchappa (composant à ce propos la chanson A Mi Dios Todo Le Debo - Je dois tout à Dieu), jamais sa voix fabuleuse des années 1970-1980 ne revint.

Et pourtant, sa disparition survient alors même que la Colombie lui rend depuis fin mai un vibrant hommage qui témoigne de son influence et de sa popularité, par le biais d'une telenovela diffusée par la chaîne RCN : le feuilleton El Joe "La Leyenda" revisite la vie et l'oeuvre d'Arroyo, incarné par l'acteur Jair Romero, de 1970, époque où tout commence vraiment (il a alors 15 ans et, issu des quartiers pauvres, se fait déjà remarquer comme un incroyable chanteur dans sa ville de Carthagène), à 1995, période où tout bascule.

Coutumier des problèmes de santé depuis les années 1980, présumé mort à de multiples reprises par le public en raison de ses absences médiatiques et ses annulations de concert dues à sa santé fragile, Joe Arroyo s'est finalement éteint le 26 juillet 2011 à 7h45 à la clinique de l'Assomption de Barranquilla à la suite d'un arrêt cardiaque et d'une défaillance multiple. Il y avait été hospitalisé de fin avril à fin juin, en soins intensifs, pour ses multiples problèmes de santé (diabète, ischémie, maladie coronarienne, etc.). Placé sous respirateur artificiel, il avait notamment subi une trachéotomie et été dialysé, tandis que les réseaux sociaux annonçaient (en avance...) sa mort. Ce dernier épisode de la saga médicale tourmentée du prince colombien du soneo (l'improvisation chantée) était survenu alors que son entourage se déchirait, son ex-épouse Mary Luz Alonso et leur fille reprochant à sa dernière épouse (depuis 2000), Jacqueline Ramon et à son agent, de profiter de lui.

La légende de cette star de la salsa, de la cumbia et autres musiques tropicales héritées de la diaspora africaine prend sa source dans les bordels de son quartier natal, où il chante dès l'enfance. En 1971, à 16 ans, ayant acquis une certaine célébrité dans sa ville en chantant dans divers groupes, il est repéré par Julio Ernesto Estrada, frontman du groupe Fruko y sus Tesos, sur le label Discos Fuentes. Après 10 ans au sein du groupe, Joe fonde sa propre formation, La Verdad (La Vérité), et acquiert rapidement un statut de vedette nationale avec des chansons comme sa Rebelión, revendication de l'héritage des esclaves afro-colombiens.

Il devait recevoir en novembre prochain un Latin Grammy Award d'honneur.