"Justifier que j’avais grandi en France" : Lyna Khoudri, la compagne de Karim Benzema, franche sur sa double nationalité franco-algérienne

Antoine Dupont a marqué la 78e édition du Festival de Cannes côté glamour en raison de ses apparitions non loin d'Iris Mittenaere. Le rugbyman a fait crépiter les flashs mais il n'est pas le seul sportif à avoir fait parler de lui. La veille de la clôture de la cérémonie, une autre star, du foot cette fois, a attiré tous les regards : Karim Benzema. Le Ballon d'or de 2022 a officialisé son couple avec l'actrice Lyna Khoudri le 23 mai, l'accompagnant pour la projection, hors compétition, de 13 jours, 13 nuits, thriller de Martin Bourboulon. Réclamée dans le milieu du cinéma depuis qu'elle a décroché le César du meilleur espoir pour Papicha en 2019, voilà la jeune femme de 32 ans plus que jamais sous les projecteurs au bras de son amoureux de 37 ans, déjà papa de 4 enfants nés de relations passées. 

Lyna Khoudri se souviendra donc de ce Festival de Cannes où elle présentait un autre film,  le drame politique de Tarik Saleh en sélection officielle, Les Aigles de la république ! Et cette visibilité accentuée par la curiosité sur son couple formé avec KB9, lui permet de mieux faire entendre sa voix. Dans le magazine Version Femina, dont elle fait la couverture, elle a pu aborder son rapport au cinéma, à l’actualité et à la France. Ayant un père journaliste, la fameuse Constance des Trois Mousquetaires maîtrise plutôt bien les sujets depuis sa jeunesse et lorsqu'elle parle de ses rôles engagés au cinéma, ils sont nourris par son vécu. 

C'est ainsi qu'on en apprend plus sur sa double nationalité puisqu'elle est franco-algérienne. Dans 13 jours, 13 nuits, qui retrace l'action de l'ambassade de France pour aider les gens à fuir Kaboul et les talibans en août 2021, Lyna Khoudri s'est retrouvée dans son personnage qui est comme elle, est attachée à deux pays : "Je me suis reconnue en elle dans son côté biculturel. Avant cet événement, elle était en lien avec l’ambassade de France comme je peux l’être avec l’Institut français d’Alger pour certaines actions. Ce personnage et ce film interrogent sur le déracinement. Comment peut-on se sentir citoyen du monde et, en même temps, rattaché à une terre ? Un drapeau, qu’est-ce que cela signifie vraiment ? Autant de questions que je me suis souvent posées en tant qu’immigrée de la deuxième génération..."

Lyna Khoudri, née le 3 octobre 1992 à Alger, a obtenu la nationalité française à 18 ans, une situation qui n'a pas été réglée sans peine : "Cela a marqué le début de ma révolte. Jusqu’à cette date, ce n'était pas un sujet pour moi : j'avais un passeport algérien et une carte de résidence en France, j’allais en Algérie tous les étés, et je pensais que l’affaire de l’immigration était réglée. Lorsque l’on a exigé de moi que j’aille à 4 heures du matin à la préfecture de police pour justifier que j’avais grandi en France, je n’ai pas compris. Je venais d’avoir mon bac, je rentrais à la Sorbonne, mais il fallait en plus que je récupère, de la maternelle au lycée, tous mes certificats de scolarité. Je me sentais humiliée, comme si on me prenait pour une menteuse, et j’ai commencé à tout remettre en question. J’ai dévoré les livres de Frantz Fanon et d’Aimé Césaire [deux figures majeures de l’anti-colonialisme et de la lutte contre le racisme], je me suis plongée dans les récits de la guerre d’Algérie pour assimiler d’où je venais et pourquoi j’étais là. Quatorze ans plus tard, la rage adolescente est évidemment retombée, même si la colère s’est déplacée. Ces années de recherche m’ont permis de comprendre mon histoire. Or la compréhension apporte toujours plus de sérénité." Un travail existentiel long et intense qui a construit la femme qu'elle est aujourd'hui et qui a fait fondre le coeur d'un des joueurs les plus talentueux du football !