La vie sentimentale de Bernard Lavilliers est à l’image de sa carrière musicale : une très longue histoire, tumultueuse, faite d'aventures dans des univers très divers. Si l’artiste est connu pour avoir su mélanger avec brio tous les styles musicaux, du rock en passant par le reggae ou les rythmes latino-américains, les femmes de sa vie ont elles aussi des profils très éclectiques. Quoi de commun en effet entre Lisa Lyon, la championne de culturisme qu’il a épousée au début des années 80, la discrète comédienne Corinne Touzet, qu’il fréquenta à la fin de cette décennie et avec qui il choisit un mode de vie très tranquille dans un pavillon de banlieue à mille lieues de l’existence de rock star qu’on pouvait imaginer, et sa dernière épouse Sophie Chevallier, la talentueuse sculptrice qui partage sa vie depuis un quart de siècle ? Une femme qu’il n’a de cesse d’encenser, notamment dans ses chansons.
C’est en Martinique, en 1996, que le chanteur a succombé aux charmes de cette brune aux yeux verts de 25 ans sa cadette. Cinq ans plus tard, il écrivait pour elle le morceau La dernière femme. Comme une déclaration. "Mon tendre amour venu du large, dit ce texte. Ma moitié d'ombre dans la marge, Mon grand secret aux rites étranges, Ma courtisane au regard d'ange, Ma dernière femme aux yeux très clairs, Mon rêve où va mourir la mer..." Deux ans plus tard, l’artiste passait la bague au doigt de sa muse. Plus qu’une épouse, Sophie Chevallier allait tour à tour devenir la maquilleuse attitrée de son homme, l’illustratrice de certaines pochettes de ses disques et, bien évidemment, la compagne de toutes les aventures de ce globe-trotter. C’est d’ailleurs en Argentine, où les deux amoureux avaient posé leurs valises quelques semaines en 2019, que Paris Match était allé à leur rencontre…
L’occasion pour eux de prendre la parole en duo et de dévoiler de larges pans de leur intimité aux lecteurs. Et ces derniers de découvrir que la vie aux côtés de ce blouson noir n’est pas toujours un long fleuve tranquille. Comme tous les artistes, Bernard Lavilliers a son caractère et ses petites habitudes, notamment lorsqu’il se rend dans un pays étranger. "J’ai d’abord besoin d’être seul, soulignait-il pour me balader, comprendre l’endroit où je suis. Ensuite, je commence à écrire, je rencontre des gens, des musiciens. Mais j’ai besoin que Sophie vienne me retrouver, pour partager tout cela avec elle."
Un partage, une communion avec son épouse qui, à en croire cette dernière, ne sont pas arrivés du jour au lendemain. Ils sont même le fruit d’une histoire qui n’avait pas bien commencé. Dans ce même entretien accordé à Paris Match, Sophie révèlait qu’à leur première rencontre, aux Antilles, au milieu des années 90, elle fit la connaissance d’un homme "complexe", avec qui, avait-elle avoué sans ambages : "J’ai commencé par m'engueuler." Une année va s’écouler avant que l’interprète de On the Road Again ne revoie la belle artiste sur la Côte d’Azur… pour ne plus la quitter. Mais la mélodie qu’interprètent ces deux-là ne va pas sans quelques couacs.
"Les premières années ont été difficiles, avait-elle admis. Je me suis accrochée. La vie sur les routes n’était pas des plus drôles et on me faisait souvent sentir que je n’étais pas à ma place. On me prenait pour celle de plus." C’est en partie pour mieux s’intégrer à cette troupe de saltimbanques parcourant le monde autour de son homme que Sophie est devenue sa maquilleuse. Mais le rôle est ingrat. "En période de concerts, je bosse. se souvenait-elle. Je ne suis pas mieux traitée qu’un musicien..." Une situation qu’elle accepte, devenant au fil des années une alliée incontournable du chanteur et une pièce maîtresse de sa carrière, mettant à son service ses talents de graphiste et l’aidant à gérer son image. Une association à la fois sentimentale et professionnelle, deux secteurs qui font parfois mauvais ménage… et des étincelles. "Attention, Bernard sait ce qu’il veut, avait précisé Sophie Chevallier à nos confrères en évoquant cette relation particulière. Il peut être très féroce quand il dit non."
Ce qui n’empêche pas le chanteur, à la santé parfois chancelante, de vivre pleinement son histoire d’amour avec Sophie, issue, comme lui, d’un milieu modeste. Une femme avec qui Bernard Lavilliers, déjà père de quatre enfants, n’a pas souhaité construire une nouvelle famille. "Je n’ai jamais voulu d’enfants, expliquait-elle lors de cette même entrevue confession. Je n’ai jamais ressenti le besoin d’en avoir et je ne pense pas, à près de 50 ans, le ressentir un jour. Dans la vie actuelle de Bernard, il n’y a pas de place pour un enfant, c’est évident. Et c’est aussi peut-être ce qui nous a permis de tenir aussi longtemps."
Une union qui fait leur force. "Il sait que je suis là pour lui et je sais qu’il est là pour moi", concluait Sophie, ajoutant une dernière image très parlante à propos du caractère de celui qui partage sa vie : "En voyage, Bernard est un homme merveilleux, cultivé, raffiné, passionnant. Mais, très vite, son métier le rappelle. Il faut qu’il remonte sur le ring.”
C’est que Bernard Oulion, de son vrai nom, peut avoir le sang chaud. En 1992, le soir de la fête de la musique, ainsi que l’avait rapporté Le Monde à l’époque il avait été condamné à deux mois de prison avec sursis et 10000 francs d’amende. Le motif ? “Dans un état second”, ainsi qu’il l’avait expliqué lui-même à la barre, il avait menacé d’un pistolet un cuisinier dans un restaurant lyonnais pour une triviale histoire d’andouillette prétendument mauvaise. " On serait dans un autre pays, tu serais déjà mort... " avait-il lancé au cuistot. Une autre époque, celle où il était jeune et large d’épaules. Mais nul doute qu’à 79 ans, qu’il fête ce 7 octobre, celui qui a récemment frôlé la mort, aura mis de l’eau dans son vin…
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