C’est une soirée que Romane Bohringer attendait avec impatience. Mardi soir, à Paris, la comédienne et réalisatrice devait présenter son dernier film, Dites-lui que je l’aime, dans une salle comble. Mais à l’heure de la projection, les portes du cinéma sont restées fermées. En cause : une panne de courant survenue dans le quartier Richard Lenoir, imputée à une défaillance sur le réseau Enedis. Sur la vitre du cinéma, une pancarte a accueilli les spectateurs : “En raison d'une panne Enedis dans le quartier Richard Lenoir, nous sommes dans l'obligation d'annuler nos séances. Le personnel du cinéma reste à votre disposition. Navrées pour cet imprévu.”
Romane Bohringer, très émue, a partagé cette affichette sur ses réseaux sociaux. En légende, elle a adressé un message poignant aux quelque 200 personnes qui s’étaient déplacées pour découvrir son film :
“Aux 200 spectateurs / trices qui m’avaient fait l’immense émotion de remplir cette salle… D’abord MERCI… Quelle déconvenue… Je suis si désolée… Mais malheureusement je ne travaille pas chez Enedis… Hâte de vous retrouver, un autre jour, ici ou ailleurs… Et de vous partager DITES LUI QUE JE L’AIME… À vite…”
Un véritable rendez-vous manqué entre l'artiste et son public. Dans sa story Instagram, celle qui a récemment été qualifiée de "mémère" a laissé échapper un cri du cœur plus direct : “Quand tu rêves de cette projection depuis des semaines… Et que tu trouves ça sur la vitre de ton cinéma." Avant de conclure, dans un élan de détermination : “We’ll be back.” Romane Bohringer ne compte donc pas en rester là. Sa promesse est claire : elle reviendra. Et cette fois, les projecteurs s’allumeront.
Il faut dire que Dites-lui que je l’aime n’est pas un film comme les autres. C’est un projet qu’elle porte avec une intensité rare. Adapté du livre de la femme politique Clémentine Autain consacré à sa mère, l’actrice Dominique Laffin, disparue à seulement 33 ans, le film plonge dans les méandres de la mémoire et de la filiation. Pour Bohringer, c’est aussi une confrontation personnelle : celle de l’abandon de sa propre mère, Marguerite Bourry dite Maggy Bohringer, partie alors qu’elle n’avait que neuf mois. Fille de Richard Bohringer, bientôt femme remariée, Romane livre une œuvre sensible, marquée par les cicatrices d’un passé jamais vraiment refermé.
Dans une interview donnée au média La Conversation, elle évoque également un autre fil rouge discret du film : l’alcool, omniprésent dans sa vie et dans ses souvenirs. “L’alcool est mon ennemi dans la vie… L’enfant est mis dans une situation de vulnérabilité épouvantable parce qu’il sent plus que tout autre que les choses peuvent tout d’un coup vraiment se défaire.” Ce n’est pas le sujet principal du film, mais un motif sous-jacent, à la fois personnel et universel, qui ajoute à la densité émotionnelle de l’œuvre. Avec ce film, Romane Bohringer ne raconte pas seulement une histoire : elle se raconte aussi.
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