






Viendront, viendront pas ? Depuis que le roi Charles d'Angleterre et sa belle fille Kate ont informé leurs sujets qu'ils souffraient tous les deux d'un cancer, à chaque grand événement, la question se pose et les observateurs guettent fébriles les agendas royaux dans l'attente d'une information. Si le roi, en dépit de sa maladie, semble avoir repris le cours normal de ses activités, il n'en est pas de même pour la femme de William. On ne l'a vue que deux fois depuis sa triste annonce au mois de mars dernier : lors de la parade annuelle Trooping the Colour, où elle était sublime ainsi qu'au tournoi de tennis de Wimbledon. Le monde entier espère donc une nouvelle apparition de la maman de George, Charlotte et Louis, lors des Jeux Olympiques de Paris. Mais à l'heure où nous écrivions ces lignes, elle n'avait toujours pas traversé la Manche, pas plus que le roi Charles, resté en Angleterre.
Il n'en est pas de même de nombreuses autres familles royales européennes dont les représentants, souvent membres du Comité international olympique (CIO), sont venus soutenir en couple, voire en famille, leurs sportifs et les congratuler lors de leurs victoires. Ainsi de Felipe et Letizia d'Espagne, de Frederik et Mary du Danemark, d'Albert et Charlène de Monaco, bien sûr, dont le destin est intimement lié au sport et aux jeux olympiques. Mais aussi de Philippe et Mathilde de Belgique qui ont également répondu présents, venus en voisins, tout comme Willem-Alexander et Maxima, parés de orange pour soutenir les Pays-Bas. Autant de têtes couronnées issues d'une jeune génération qui sont aujourd'hui rois et reines mais qui ont naguère assisté à des olympiades lorsqu'ils ne régnaient pas encore. Et il est étonnant de constater qu'entre les princes et princesses d'hier et les monarques d'aujourd'hui, le protocole a changé bien des choses...
C'est particulièrement notable pour le couple que forment Frederik X et Mary du Danemark. D'abord, parce qu'ils ne portent la couronne que depuis le mois de janvier 2024, lorsque la mère de Frederik, la reine Margrethe II, a abdiqué. Ensuite, et surtout, parce que les Jeux olympiques ont pour eux une saveur toute particulière...
Retour en septembre 2000. Frederik, 32 ans, est un célibataire particulièrement convoité qui fait tourner les têtes de toutes les Danoises. Pas de chance pour elles, c'est en Australie qu'il se trouve ce mois-là, avec son petit frère Joachim, afin d'encourager l'équipe nationale qui concourt au JO d'été de Sidney.
Le soir du 16 septembre, quelques représentants du Gotha européens se sont donné rendez-vous pour une petite virée nocturne dans la capitale australienne. Aux côtés des deux frères danois, se trouve la princesse Martha-Louise de Norvège, le prince Nikólaos de Grèce et l'un des neveux du roi Juan Carlos d'Espagne, Bruno Gómez-Acebo. Une amie australienne de ce dernier s'est proposée de leur servir de guide. Les futures têtes couronnées sont rejointes par d'autres noctambules. Parmi lesquels, Mary Donaldson, une jeune australienne qui travaille dans la publicité et qui ignore tout ou presque de cette lointaine contrée nordique qu'est le Danemark.
"Je savais que c'était la terre des Vikings, j'avais entendu parler de Hans Christian Andersen et je n'ignorais pas que l'Opéra de Sydney avait été dessiné par un Danois", déclarera-t-elle plus tard, lors de ses fiançailles. Mais de celui qui se fait alors appeler "Fred", elle ignore tout. "La première fois que nous nous sommes rencontrés, nous nous sommes serré la main. Je ne savais pas qu'il était le prince du Danemark. Une demi-heure plus tard, quelqu'un est venu vers moi et m'a dit : 'Savez-vous qui sont ces gens ?'", racontera-t-elle des années après. Dans un pub nommé le Slip Inn, cette nuit-là, leur destin va basculer, même si Frederik n'aura pas toujours autant de chance dans les bars australiens...
Vingt-quatre ans plus tard, et après avoir récemment surmonté des rumeurs d'infidélité, ce sont un roi et une reine fraîchement montés sur le trône qui sont à Paris. Après avoir participé à l'ouverture du pavillon du Danemark sur les Champs-Élysées, ils ont assisté à un dîner de gala offert par le CIO et la présidence française au musée du Louvre. Ils sont également allés rendre visite aux athlètes de leur pays au village olympique partageant un déjeuner avec eux. Cependant, même s'il est considéré comme un monarque ayant une vie tout à fait normale, personne n'a vu "Fred" ni son épouse Mary faire la tournée des bistrots parisiens... Les années ont passé, les temps ont changé. Leurs responsabilités, aussi...
Tout comme pour Felipe d'Espagne. Lui, ce n'est pas à Sydney qu'il s'est illustré, mais 8 ans avant, lors des Jeux organisés par son pays, à Barcelone. Il avait alors 24 ans et portait le titre de Prince des Asturies que l'on donne à l'héritier du trône. Cette année-là, il est le porte-drapeau de sa nation à la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques. Ce n'est pas un hasard : il est un membre à part entière de la délégation sportive, lui qui concourt dans la catégorie soling, en voile. Son équipe terminera sixième de la compétition.

Cela fait désormais dix ans, depuis l'abdication de son père Juan Carlos, que le descendant direct de Louis XIV est assis sur le trône d'Espagne. Et cela fait vingt ans cette année qu'il partage sa vie avec Letizia, l'ancienne journaliste vedette de la télé espagnole. Malgré le scandale provoqué il y a quelques semaines par le projet d'un prétendu ancien amant de la reine consort de réaliser une série sur leur histoire, le monarque est venu accompagné de sa belle soutenir les athlètes de son pays. Et ils ont donné de leur personne. Comme de nombreux dignitaires, ils ont dû revêtir une tenue de pluie transparente lors de la cérémonie d'ouverture, mais cela n'a en rien douché leur enthousiasme.
Si l'on excepte quelques jours de vacances qu'ils ont pris à Majorque durant la quinzaine, le couple a été particulièrement présent. Notamment Letizia. La semaine dernière, en une seule journée, elle a encouragé les marcheurs masculins et féminins, l'équipe de water-polo, de tennis et même de natation avant d'aller visiter le village olympique. Habillée au couleur de l'Espagne, n'hésitant pas à brandir le drapeau rouge et jaune, elle a semblé se dédoubler cependant que son mari se faisait plus discret. Difficile, d'ailleurs, de trouver des photos des deux ensemble après la cérémonie d'ouverture. On pouvait toutefois en trouver une sur le compte Instagram de la maison royale d'Espagne. L'amour, oui, mais celui des jeux avant tout.
Autre Philippe, autre roi, celui de Belgique, venu avec sa femme, la Reine Mathilde, applaudir les exploits des sportifs belges à Paris. Si en 2021, ils n'avaient pas fait le voyage jusqu'à Tokyo en pleine épidémie de Covid, en 2016, ils étaient bien à Rio, et en 2012, à Londres. Le roi Albert n'avait pas encore abdiqué. Et c'est en tant que prince et princesse qu'ils s'étaient rendus en Angleterre où il avaient joué les touristes avec leur quatre enfants. À Paris, leur programme était plus protocolaire mais tout aussi réjouissant, notamment devant les héros du pays, les cyclistes Wout Van Aert et Remco Evenepoel, ce dernier, qui partage sa vie avec la sublime Ouma, s'offrant le luxe de ramener deux médailles d'or... pour la plus grande joie des deux monarques qui sont une fois encore venus avec leurs quatre enfants, devenus grands : Elisabeth (22 ans), Gabriel (20 ans), Emmanuel (18 ans) et Éléonore (16 ans).
Le roi voisin des Pays-Bas, Willem-Alexander, son épouse la reine Maxima et leurs aînées, la princesse héritière Catharina-Amalia et la princesse Alexia n'ont pas non plus manqué le rendez-vous parisien. Et ils ont donné de la voix pour encourager leurs athlètes. Tout d'orange vêtu, vociférant ou brandissant le poing, le roi, notamment, a quelque peu oublié son rang pour laisser parler son coeur, faisant preuve d'une indescriptible ferveur. La reine n'était pas en reste qui, durant une épreuve de natation a fait tournoyer son écharpe orange dans les airs telle une supportrice déchaînée...
C'était plus calme dans la famille grand ducal du Luxembourg. Le grand duc, Henri et Son Altesse Royale la Grande-Duchesse Maria Teresa ont certes honoré les jeux parisien de leur présence mais sans débordement...
Enfin, comment parler de jeux, d'amour et de princes, sans évoquer la formidable histoire, si intimement liée au sport, d'Albert et Charlène. Eux aussi ont connu cet événement sportif avant de régner. Eux aussi ont été des participants aux Jeux avant de porter le poids des responsabilités qui va de pair avec la couronne. C'est d'ailleurs lors d'une olympiade qu'ils avaient officialisé leur relation. C'était à Turin, lors des JO d'hiver. Ils n'ont jamais cessé depuis de s'enflammer devant les exploits des athlètes et étaient logiquement à Paris pour venir soutenir la délégation monégasques. Quant à la flamme qu'ils partagent, malgré les épreuves, malgré les rumeurs, elle ne semble pas près de s'éteindre.