Emilie Dequenne, un sourire éternel : sa famille et le monde du cinéma ensemble pour une très belle cérémonie au Père-Lachaise

A l'entrée du crématorium du cimetière du Père-Lachaise, dans le 20e arrondissement de Paris, le très beau portrait d'Emilie Dequenne dessiné par Jean-Charles de Castelbajac après l'annonce du décès de l'actrice belge le 16 mars dernier à l'âge de 43 ans. Des cheveux courts, un sourire esquissé et des ailes d'ange. Un ange à l'incroyable talent parti vite, beaucoup trop vite. 

Révélée à l'âge de 18 ans dans le film Rosetta des frères Dardenne, qui lui valu le prix d'interprétation au Festival de Cannes en 1999, Emilie Dequenne avait annoncé être atteinte d’un corticosurrénalome (cancer du système endocrinien), diagnostiqué deux mois auparavant et qui la tenait éloignée des plateaux. Après une rémission qui lui avait permis de revenir au Festival de Cannes l'année dernière, l'actrice avait malheureusement connu une rechute, comme elle avait choisi de l'annoncer elle-même dans Sept à Huit en décembre dernier. Face à Audrey Crespo Mara, elle faisait savoir être touchée par une forme encore plus agressive de son cancer très rare. Vaillante, Emilie Dequenne a toujours eu l'espoir de remporter ce combat jusqu'à ce que son état ne se dégrade très fortement en février. Hospitalisée à l'Institut Gustave Roussy dans le Val-de-Marne, Emilie Dequenne s'y est éteinte le 16 mars dernier.

Dix jours après sa disparition, la famille et les proches d'Emilie Dequenne restent inconsolables. Une échéance douloureuse mais nécessaire les attendait en ce mercredi 26 mars 2025, celle des obsèques. Comme l'avaient annoncé sa famille, ses amis et son agente, Danielle Gain, dans un faire-part, c'est à 15h30 qu'avait été fixée la cérémonie religieuse. Avec pour demande précise "de ne pas offrir de fleurs". "Préférez nous aider à faire progresser la recherche sur le corticosurrénalome en faisant un don à l’Institut Gustave Roussy, l’un des principaux centres de lutte contre le cancer en France, où elle est décédée en soins palliatifs", était-il ajouté. 

Cette consigne a largement été respectée puisque seules quelques fleurs décoraient l'entrée du crématorium. C'est à 15h que la famille d'Emilie Dequenne est arrivée, son mari Michel Ferracci accompagné de ses deux fils Maël et Enzo. Ont suivi de nombreuses personnalités du cinéma : Alice Belaïdi, Alex Lutz, Anne Marivin, Albert Dupontel, Natacha Régnier, Philippine Leroy-Beaulieu, Sami Bouajila, Déborah François, Jean-Pierre Dardenne et Luc Dardenne. Cécile Cassel, Jérémie Rénier, Emmanuelle Béart, Mathilde Seigner, Hafsia Herzi, Arnaud Ducruet et sa femme Claire Francisci, Elsa Zylberstein, Dominique Besnehard, Nicole Calfan, Séverine Ferrer, Marie-Ange Casta, Ariane Séguillon, Flavie Flament avec son fils Enzo, Stéphane de Groodt, Virginie Efira et son compagnon Niels Schneider très changé, étaient également présents aux obsèques d'Emilie Dequenne. 

Face à tant de présences, il a alors été impossible de fermer les portes du crématorium qui sont restées ouvertes tout le temps de la cérémonie religieuse qui a débuté peu après 15h30, après que le cercueil d'Emilie Dequenne ne soit entré dans l'édifice au son de la chanson Emilie Jolie. Aux premiers rangs, les proches d'Emilie Dequenne. D'un côté ses parents et ses deux soeurs ainsi que son agente Danielle Gain et de l'autre son mari Michel Ferracci avec ses deux fils notamment. A l'intérieur du crématorium, une lumière intense provenant du soleil extérieur transperçant les vitraux colorés du crématorium. Le cercueil placé au milieu, entouré de deux portraits d'Emilie Dequenne, rayonnante. L'un avec l'actrice du temps de ses cheveux longs et l'autre les cheveux plus courts, synonyme de combat contre la maladie. Malgré les épreuves, l'actrice a toujours voulu rester positive, pour elle mais aussi pour ceux qui l'aimaient. Et ses sourires quoi qu'il arrive resteront à jamais gravés dans les mémoires. Une force de la nature comme il en existe peu. 

La cérémonie religieuse a débuté après une première prise de parole, celle de sa soeur Adeline qui a intégré dans son discours de 5 minutes les mots de leur petite soeur Audrey. “Tu étais destinée à transmettre des messages humanistes”, a-t-elle déclaré, avant d’ajouter : “Merci de m’avoir appris les choses simples de la vie. (...) Je peux vous dire que nous avons eu la chance de côtoyer un véritable ange. “Beaucoup de personnes ont demandé ce qu’elles pouvaient faire et la réponse est simple : diffuser partout le souvenir d’Emilie (...) aimer très fort et faire preuve de gentillesse”, a-t-elle ajouté, avant de lire le message d'Audrey : "Emilie plus vivant que toi tu meurs. Ma soeur, ton âme est avec nous, tu as compris la définition du mot vivre."

Si les frères Dardenne étaient présents, c'est un autre réalisateur belge qui a ensuite pris la parole : Lucas Belvaux. Ce dernier a travaillé à deux reprises avec Emilie Dequenne, sur les films Pas son genre et Chez nous. Lucas Belvaux a évoqué sa relation particulière avec la défunte actrice : "Pour que cette relation fonctionne, il faut de l'affection, du respect, de la confiance, de l'admiration et de l'exigence." "On s'est fait confiance et on a chacun beaucoup appris de l'autre", a-t-il ajouté. "Emilie est une très grande actrice, elle manquera au cinéma, elle nous manquera", a poursuivi le réalisateur avec beaucoup d'émotion. 

Autre prise de parole, celle de son agente Danielle Gain qui la connaissait mieux que personne dans le métier puisqu'elle a géré sa carrière durant un quart de siècle. Du début à la fin. Danielle Gain a repris une phrase de Georges Brassens qui dit : "Les morts sont tous de braves types." En référence aux défauts que l'on gomme ou que l'on oublie lorsque les personnes ne sont plus de ce monde. Des défauts, Emilie Dequenne n'en avait pas. "Parce que dans ce métier, où souvent l'on met en compétition, elle n'était ni envieuse, ni mesquine. Elle se réjouissait très souvent du succès de ses copines du cinéma. Elle était comme ça. Sans arrières pensées, généreuses. Pour moi Emilie était un cadeau du ciel", a témoigné l'agente d'Emilie Dequenne. 

La cérémonie religieuse qui a duré un peu plus d'une heure a également été marquée par plusieurs moments de musique. Un moment joyeux avec la diffusion de la chanson mythique de Joe Dassin, Dans les yeux d'Emilie. Ou encore avec Don't stop me now du groupe Queen. Le plus grand moment d'émotion est survenu lorsque Milla, la fille unique d'Emilie Dequenne, a interprété a cappella Bohemian Rhapsody, également de Queen, avec un accompagnement partiel au piano. La jeune femme a fait preuve d'un incroyable courage pour rendre hommage à sa maman, dévoilant à l'assistance sa voix magnifique. Sa prestation s'est achevée sous les applaudissements des invités, en larmes après avoir entendu Milla chanter "Mama", comme un appel à sa défunte maman. 

La Corse, à laquelle Emilie Dequenne était également très attachée et où elle a passé d'heureux moments avec son mari Michel Ferracci, était également présente musicalement. Un groupe a interprété plusieurs chants corses magnifiques et c'est en corse que la cérémonie s'est achevée. 

Le cercueil est alors sorti du crématorium, sous les applaudissements d'un très nombreux public, suivi de la famille d'Emilie Dequenne. Milla et Michel Ferracci ont tenté de se soutenir l'un et l'autre devant le cercueil regagnant le corbillard... L'épilogue d'une cérémonie magnifique. 

Aimée, Emilie Dequenne l'était à ce point parce qu'elle a elle-même beaucoup aimé comme cela a été rappelé à plusieurs reprises cet après-midi. Ce n'est pas en France que l'actrice reposera mais sur ses terres belges où ses cendres seront emmenées par ses proches. Et si Emilie Dequenne manquera à tout jamais au cinéma, ne jamais oublier que le plus important pour elle était d'aimer, se battre pour vivre. Ce que son entourage aura à coeur de se rappeler à chaque fois que la peine sera trop grande.