Elle n'était qu'un bébé lorsque son père, l'acteur français Patrick Dewaere, célèbre visage des Valseuses, a décidé de mettre fin de ses jours en 1982, pourtant au sommet de sa gloire. Les véritables raisons de ce suicide par arme à feu, Lola Dewaere, sa fille qu'il a eue avec Elisabeth Malvina-Chalier, ne peut aujourd'hui que les supposer. Des violences sexuelles durant son enfance de la part d'un beau-père, une addiction connue à l'héroïne ou bien, un coup de téléphone, survenu juste avant le décès, lui annonçant que sa femme le trompait avec son ami Coluche ? Dénouer les fils de ce drame, c'est mettre le doigt sur une histoire familiale sombre et complexe.
Et pour Lola Dewaere, qui s'est retrouvée orpheline de père avant même ses 3 ans et qui fût confiée à la garde de ses grands-parents maternels, car Elisabeth Malvina-Chalier était aussi instable et en proie aux problèmes de drogues, le besoin de se protéger s'avère depuis primordial. Bien qu'elle ait choisi d'assumer son patronyme et de devenir comédienne à son tour, dans des séries à succès telles qu'Astrid et Raphaëlle et Mademoiselle Holmes, celle qui souffle ce jeudi 4 décembre 2025 ses 46 bougies a décidé de couper court à certaines relations filiales pour son bien-être... dont celle avec sa propre mère.
Après avoir été élevée loin des projecteurs, tout près d’Angers, à Saint-Lambert-du-Lattay où est enterré Patrick Dewaere, la petite Lola Dewaere a tenté de retourner vivre auprès de sa mère à l'âge de 12 ans. Un nouveau chapitre marquant sur lequel l'actrice est revenue pour Paris Match : "Ma mère a voulu rentrer dans le rang pour m’élever correctement. Elle est devenue maquilleuse pour les studios de cinéma. Mais c’était avant tout une séductrice qui avait tous les hommes à ses pieds, du moniteur de ski au directeur de l’hôtel où nous descendions en vacances. Je crois franchement qu’elle n’était pas faite pour être mère."
Bien qu'elle se soit battue pour récupérer son enfant, Elisabeth Malvina-Chalier n'a pas été à la hauteur des espoirs de Lola Dewaere : "Ma souffrance auprès d’elle a été pire, pour moi, que la mort de mon père. Cette femme pouvait détruire ma vie, m’entraîner avec elle." Viennent s'ajouter à cette difficile cohabitation mère-fille de nombreuses dettes laissées par Patrick Dewaere. "Mon père n'avait jamais payé ses impôts", racontera par la suite Lola Dewaere.
Lola Dewaere cherchait avant tout une mère responsable, capable d'assumer son éducation et de lui faire oublier ce douloureux sentiment d'abandon. Mais même si Elisabeth Malvina-Chalier a été moteur dans le chemin de sa fille vers les plateaux de tournage, en l'inscrivant au cours Florent, cela n'a pas suffit à éviter que les deux femmes s'éloignent. Lola Dewaere décidera d'ailleurs en 2005 de couper définitivement le contact avec sa mère. Plus de 20 ans déjà qu'elle ne lui parle plus, même si elle continue de pourvoir à ses besoins matériels en lui envoyant de l'argent.
En parallèle, l'actrice a également décidé de stopper le dialogue avec sa famille paternelle, sa grand-mère détestant sa mère qu'elle tenait pour responsable de la mort tragique de Patrick Dewaere : "Ce sont des gens particuliers. J'ai coupé les ponts avec eux. Je ne suis d'ailleurs pas allée à l'enterrement de ma grand-mère Mado Maurin", confiera-t-elle à Ici Paris.
Victime d'un grave accident de voiture au sortir de l'adolescence, Lola Dewaere a frôlé la mort et vu à nouveau son quotidien menacé par les difficultés financières de sa mère. "Un mois après ma sortie de l'hôpital, avec corset et rééducation à la clef, ma mère m'annonce que les huissiers vont nous mettre à la rue. Ça a été un vrai trauma. Encore aujourd'hui, mon cauchemar récurrent est de ne plus avoir de toit", racontera l'actrice dans les colonnes de L'Express. Cette vie de "fauchées", Lola Dewaere passera sept années à tenter d'en réchapper en enchainant les petits boulots : hôtesse d’accueil, standardiste, agent immobilier... Ses rêves de comédie devront attendre la fin de cette période.
© Instagram, lola_dewaere_
Et l'argent, qui a toujours été un problème pour ses parents, Lola Dewaere a fini par en avoir peur. Pourtant aujourd'hui confortablement installée dans le paysage cinéma et séries, celle qui a été nommée en 2013 au César de la meilleure révélation féminine pour le film Mince alors ! est simple locataire d'un petit appartement dans le Xème arrondissement de Paris, quartier Canal Saint-Martin, et n'aspire pas à acquérir de bien immobilier. "C'est un problème pour moi de gagner autant d'argent. Plus vite je m'en débarrasse et mieux je me porte", a-t-elle déclaré dans Libération.
Parmi les difficultés résultants de sa jeunesse mouvementée, Lola Dewaere souffre d’angoisses. Diagnostiquée TDAH, syndrome du trouble déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité, elle peut vite se sentir dépassée par certaines situations et a, par ailleurs, un avis bien tranché sur la question de la maternité. Célibataire à 46 ans, après avoir officiellement annoncé en février dernier sa rupture avec le photographe et acteur Gianni Giardinelli, l'actrice ne se sent pas les épaules assez solides pour être mère dans un futur proche : "Je ne veux pas avoir d'enfant, donner la vie me fait peur. Il y a eu trop de souffrance autour de ma propre enfance", avouera-t-elle à Paris Match, avant d'ajouter afin d'appuyer ses propos : "Aujourd'hui encore, je considère le suicide de mon père comme un abandon. Son amour pour moi n'a pas su le retenir. Je n'ai pas été capable de le faire rester."
En décidant de s'éloigner de ce qui alimente ses plaies encore douloureuses, Lola Dewaere fait le pari, à sa manière, d'être enfin heureuse. Un bonheur qu'elle espère dans son corps, peu importe les fluctuations de poids, et dans sa tête. Et c'est bien tout le mal qu'on peut lui souhaiter.
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