Le cinéma français est bousculé comme jamais depuis plusieurs mois. Après des prises de paroles particulièrement puissantes d'Adèle Haenel lors des César, puis celle de Judith Godrèche, le mouvement #metoo est plus que jamais présent dans le milieu du septième art hexagonal. C'est dans ce contexte qu'a été lancée la création d'une commission d'enquête relative aux violences commises dans les secteurs du cinéma, de l’audiovisuel, du spectacle vivant, de la mode et de la publicité, adoptée à l’unanimité par l’Assemblée nationale le 9 octobre 2024. De puissantes personnalités ont donc pris, ou dû prendre, la parole.
Le lundi 11 mars 2025, Jean Dujardin, Pierre Niney, Gilles Lellouche et d'autres grandes figures ont été entendus - à huis clos - par cette commission. Jeudi, c'était au tour de l'ancien agent le plus puissant du cinéma français, Dominique Besnehard, connu aussi pour être le créateur de la série à succès Dix pour cent, de s'exprimer. Il n'a éludé aucun sujet, que ce soit Gérard Depardieu, Harvey Weinstein. Cette audition a été l'une des plus mouvementées devant la commission d'enquête, qui a auditionné des dizaines de responsables de la culture et du cinéma, et doit rendre son rapport dans un mois, relate l'AFP. "Si c'est mon procès, je me taille ! Vous arrêtez de faire la morale à tout le monde, ça commence à bien faire !", a lancé le producteur à la présidente de la commission. Il est finalement resté plus d'une heure.
L'homme de 71 ans, dans le métier depuis cinquante ans, a revendiqué appartenir "à l'ancien monde", au début de son audition devant la commission d'enquête sur les violences commises dans le cinéma. Il a notamment été interrogé sur le comportement de Gérard Depardieu, avec qui il a travaillé par le passé, et en faveur duquel il a signé une pétition de soutien, "par fidélité" pour sa fille, Julie.
Dominique Besnehard a répondu en mettant en cause l'actrice Charlotte Arnould, qui accuse Gérard Depardieu de l'avoir violée à son domicile. L'acteur a été inculpé dans cette affaire et le parquet a requis un procès à son encontre. "Généralement, les cours de théâtre, on les fait dans un cours de théâtre, on ne va pas à domicile chez un acteur", a déclaré Dominique Besnehard. Quant à Gérard Depardieu, il assume son soutien à un homme qu'il a vu "vriller après la mort de son fils" Guillaume, en 2008, et rappelle la "présomption d'innocence".
© BestImage, BERTRAND RINDOFF PETROFF / BESTIMAGE
Il a également abordé l'affaire Harvey Weinstein, le producteur roi d'Hollywood jusqu'à sa chute retentissante en 2017, lorsque des dizaines de femmes l'ont accusé de harcèlement, d'agression sexuelle ou de viol, déclenchant l'onde planétaire #MeToo. Il a, là encore, mis en cause le comportement des plaignantes: "Quand j'étais agent, j'ai vu des actrices un peu dépasser les bornes. On ne va pas dans un hôtel avec un metteur en scène. Excusez-moi, Weinstein qui allait à Cannes, certaines actrices allaient dans sa chambre pour peut-être faire une carrière américaine. Je l'ai vu ça ! J'ai même des actrices dont je m'occupais qui y sont allées !"
Il a en revanche salué le courage d'autres actrices qui, selon lui, refusaient ce genre de propositions: "Je suis peut-être la personne qui connaît le mieux les actrices" a-t-il ajouté en citant les stars "Nathalie Baye, Isabelle Adjani..." "Je ne crois pas qu'Isabelle Huppert, jeune comédienne, monte dans un hôtel avec un producteur qui a une mauvaise réputation, je suis désolé", dit-il. Malgré tout, Dominique Besnehard a salué "le mouvement #MeToo": "C'est important car maintenant on ne peut plus dire qu'on ne sait pas."
Dominique Besnehard n'est pas le seul à ne pas aimer la langue de bois ! Témoin de ces auditions, la fille de Josiane Balasko et du sculpteur Philippe Berry, elle-même actrice et réalisatrice, a pris la parole sur les réseaux sociaux. Réagissant à une publication faisant état de la liste des personnalités interrogées par la commission d'enquête - Virginie Efira, Juliette Binoche, Nina Meurisse, Jean Dujardin, Pierre Niney, Gilles Lellouche, Dimitri Rassam... - elle a commenté sous le post du site Fraîches : "Nan mais cette liste purée! Je ris tellement c'est pathétique..."
Sans plus expliciter son propos, elle fait réagir d'autres qui ajoutent : "Déjà il suffit de lire Jean Dujardin pour comprendre la blague alors qu'il a tourné avec Polanski [accusé notamment de viol sur mineure en 1977, ndlr] récemment."
Le sujet reste donc brûlant de part et d'autres dans le cinéma français mais une chose est certaine, les langues se délient.
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