Le jeu de la mort, diffusé en mars 2010© Christophe Russell / France 2
La télévision - média le plus présent chez les Français - est de plus en plus contrôlée. Moins d'émissions en direct, un CSA omniprésent qui recadre les moindres dérapages, une présence plus importante de l'Etat... La télévision deviendrait presque anxiogène s'il n'y avait pas ces quelques polémiques qui égayent notre quotidien télévisuel. Ainsi, alors que la télévision est censée être de plus en plus bridée, notre petite lucarne s'est déchaînée cette année : en 2010, la télé a pété les plombs !
En 2010, la télé a pété les plombs et... a dépassé les limites !
Le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel veut réguler la télé-réalité qui devient de plus en plus subversive. Après bientôt 10 ans d'existence (Loft Story, c'était en 2001), le CSA réagit. Enfin. Et quand on voit les polémiques de Dilemme, Trompe-Moi si tu peux ou la Ferme Célébrités en Afrique... on se dit qu'il était peut-être temps.
- Dilemme : l'émission de W9 a enchaîné les controverses. Entre Cindy qui se baladait en permanence à moitié nue, Ophélie qui a accepté d'être tenue en laisse (ce qui a provoqué la colère du CSA !), le Q.I. des candidats frôlant celui d'une huître ("Je croyais que la Marseillaise avait été écrite par De Gaulle"), la mère de Kevin qui entre dans le jeu en sous-vêtements... Il y avait effectivement de quoi alimenter la polémique.
- Trompe-moi si tu peux. Même si aucun lien formel n'a été été établi entre le suicide d'un candidat et le concept de télé-réalité, l'émission a été incendiée par les critiques. Résultat : l'émission n'a finalement jamais été diffusée sur M6.
- La Ferme Célébrités en Afrique : La polémique qui a entaché l'émission ? Le clash Adeline Blondieau /Farid Khider, bien sûr. Appelé communément "l'attaque au Paic Citron", ce règlement de comptes a duré plusieurs semaines : Qui a provoqué l'autre ? Qui est le coupable ? Et qui est le vrai méchant de l'histoire ? ont été quelques-unes des questions que s'est posée la presse.
- Le jeu de la mort : C'est le programme qui a suscité débats et grand intérêt... mais seulement auprès des professionnels des médias (audience très moyenne pour cette émission). Le jeu de la mort est un documentaire de Christophe Nick (diffusée sur France 2) qui a violemment égratigné le concept de télé-réalité : la télé aurait une telle influence et un tel pouvoir sur les gens qu'elle peut les pousser à devenir des bourreaux. Faire souffrir au nom du divertissement. Une accusation qui cible tout particulièrement les émissions de real TV dans lesquelles les personnalités sont en dehors de leur cadre de vie et totalement soumises à la production. Ce programme choc a été sujet à controverse : certains y voyant là une subtile adaptation de l'expérience de Milgram... d'autres ne constatant qu'un raccourci peu fidèle à la réalité.
En 2010, la télé a pété les plombs et... les talons aiguilles ont été les meilleures armes !
Lorsqu'Endemol a choisi d'inviter Kelly Bochenko (Miss Paris déchue) dans La ferme célébrités en Afrique, la guerre a commencé entre Geneviève de Fontenay et la société Miss France. Un claquement de portes, quelques attaques juridiques et de nombreux crêpages de chignons par médias interposés plus tard, GdF a monté son concours en quelques mois (et a élu Barbara Morel) concurrençant celui de Miss France (Laury Thilleman). Deux Miss pour représenter la France... Ah non : trois ! Le comité Miss France (indépendant de la société, propriété d'Endemol) a aussi élu sa Miss France, Mathilde Florin. Cette dernière n'a, aux yeux de Geneviève de Fontenay (qui a bien assez d'un ennemi, en la personne d'Endemol), aucune légitimité. 365 jours, 3 Miss, plein de disputes : l'année 2010 a été longue dans le merveilleux monde pailleté des Miss.
En 2010, la télé a pété les plombs... et même le service public y est passé (partie 1) !
La chaîne France 24 et la station de radio France Inter ont beau être sous l'égide du gouvernement, elles n'ont pas été épargnées par les polémiques. Loin de là : entre les accusations d'espionnage industriel au sein de l'AEF et le licenciement suspect de deux humoristes "poil à gratter" chez France Inter, il ne fait pas bon travailler pour l'Etat.
Au sein de l'AEF (Audiovisuel Extérieur de France qui chapeaute France 24, RFI et une partie de TV5), la guerre entre les deux dirigeants que sont le PDG Alain de Pouzilhac et la directrice générale déléguée Christine Ockrent prend des proportions démesurées (suscitant même l'intervention du ministre de la culture). Et une affaire d'espionnage vient aggraver l'ambiance générale...
En effet, la publication dans la presse de détails confidentiels sur la situation financière désastreuse de France 24, a poussé Alain de Pouzilhac à commander une expertise pour en identifier la source. Laquelle expertise a mis à jour une intrusion informatique au profit d'une certaine Candice Marchal, collaboratrice depuis dix ans de Christine Ockrent. Il en a résulté que cette intrusion a été facilitée par un prestataire extérieur... recommandé par Ockrent elle-même : il n'en fallait pas plus pour soupçonner la reine Christine d'avoir commandité cet espionnage.
Si la femme de Bernard Kouchner clame son innocence et nie une quelconque implication dans cette affaire, elle subit tout de même un lourd désaveu des directeurs et des journalistes de la rédaction de France 24. La supposée espionne Candice Marshal tente désormais de se blanchir de ce qu'elle considère comme un complot à l'encontre d'Ockrent et saisit la justice. Précisons que si des plaintes ont été déposées, personne n'a encore été mis en examen. Reste que cette affaire ternit lourdement l'image de Christine Ockrent et celle de l'AEF (voir dernières informations sur l'affaire).
Alors, véritable affaire d'espionnage d'industriel ou excellente manoeuvre de déstabilisation ?
En 2010, la télé a pété les plombs et... même le service public y est passé (partie 2) !
L'autre scandale des médias est évidemment l'éviction de Stéphane Guillon et Didier Porte, en juin 2010. Un licenciement faisant suite aux dérapages successifs du sulfureux Guillon mais qui a une toute autre signification pour l'humoriste. Pour lui, le patron de Radio France, Jean-Luc Hees (désigné par l'Elysée), et celui de France Inter, Philippe Val, sont les marionnettes d'un Nicolas Sarkozy qui souhaiterait avoir la totale mainmise sur les médias. Cette polémique a pris une telle ampleur dans le milieu des intellectuels que Télérama a mis en exergue le risque d'avoir un président pouvant nommer et révoquer à loisir les directeurs de l'audiovisuel français (il le peut depuis la loi de réforme de l'Audiovisuel de mars 2009). La question de leur indépendance face au pouvoir se pose.
Selon Guillon, Sarkozy cherche à "casser Radio France" et il aurait nommé Jean-Luc Hees pour accomplir son noir dessin. Guillon, humoriste populaire mais détesté par l'Élysée, n'a pas fini de promouvoir son réquisitoire anti-Sarkozy... Quant à France Inter, la station continue de se débarrasser de ses humoristes trop poliquement incorrects (comme Gérald Dahan)...
En 2010, la télé a pété les plombs et... ses animateurs aussi !
Avec cette volonté des grandes puissances de voir une télévision sous contrôle, toute polémique est presque une bouffée d'oxygène. Ainsi, même quand il n'y a pas de polémiques... on en cherche une. C'est ainsi que Harry Roselmack a été au coeur d'un débat (disproportionné ?) pour ce qui s'est appelé "l'affaire du mouton volé" (pour l'une de ses émissions En immersion sur TF1). Était-ce un vrai scandale ? Peut-être ou peut-être pas mais le jeune papa Roselmack est toujours aussi populaire et figure encore en tête des journalistes préférés des Français.
A contrario, la polémique Eric Zemmour a fait couler beaucoup d'encre. Habitué des scandales, le sniper de Laurent Ruquier dans On n'est pas couché a suscité l'indignation et la manifestation du MRAP (Mouvement contre le Racisme et pour l'Amitié des Peuples) et de la LICRA (Ligue Internationale Contre le Racisme et l'Antisémitisme) en raison de propos considérés comme racistes et scandaleux tenus par le polémiste dans une émission de Canal +. Et puis finalement, la polémique s'est calmée après quelques excuses du principal concerné...
Des excuses, il en fallu aussi pour Jean-Luc Delarue qui a vécu une spirale infernale avec cette histoire de cocaïne qui a fait les choux gras de la presse. Gros consommateur, l'animateur et producteur s'est pris en main pour se soigner et a pris du recul. Malgré ce scandale de drogue, l'animateur a suscité davantage de pitié que de critiques acerbes : le public attend son retour (même si Sophie Davant reprend son émission Toute une histoire avec brio) et le métier fait preuve de compassion. Espérons que l'année 2011 soit moins remplie de polémiques pour Delarue...
Et le CSA s'est beaucoup emballé...
On ne compte plus les manifestations du CSA auprès des chaînes et émissions : les manquements à l'honnêteté, oubli d'une mention "archives", diffusion d'une image dégradante de la femme, humour déplacé, publicité dissimulée, contestation du monopole du Téléthon... Soit les chaînes de télé sont de plus en plus malhonnêtes, soit les sages du CSA mitraillent leurs mises en gardes par excès de zèle. Une façon pour Rachid Arhab et Françoise Laborde de prouver leur bonne foi au sein du CSA ?
Une année 2010 pleine de polémiques... idem pour 2011?
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