Retour à la case célibat… Fin juin dernier, via un communiqué envoyé à l’AFP, Marion Cotillard et Guillaume Canet annonçaient la fin du couple mythique qu’ils formaient, mettant un terme définitif aux rumeurs qui couraient sur leur compte depuis des mois. Une séparation "après 18 ans de vie commune." Une décision prise "d’un commun accord" et "dans une bienveillance mutuelle", pour reprendre les mots des parents de Marcel et Louise. C’en est donc fini de cette histoire, d’amitié d’abord, qui avait commencé sur le tournage du film Jeux d’enfants en 2002, dans lequel ils se donnaient la réplique, et qui s’était transformée, non sans difficultés, quatre ans plus tard en amour.
Si sur Jeux d’enfants, la complicité qui lie les deux acteurs jouant à "Cap ou pas Cap" est évidente, en coulisses, chacun a alors sa vie. Guillaume Canet file le parfait amour avec la comédienne Diane Kruger qu’il a rencontrée à la fin des années 90 et qu’il a épousée en 2001. Marion Cotillard, quant à elle, sort d’une histoire qui s’est mal finie… et qui va s’achever, de façon plus dramatique encore.
Ce 30 septembre, l’actrice fête ses 50 ans. Un cap qu’elle va franchir auréolée d’innombrables succès : érigée au rang d’icône, l’égérie Chanel est une star mondiale. Elle a notamment marqué l’histoire du septième art avec La Môme, raflant Oscar, César, Golden Globe et BAFTA pour un même rôle en français. Mais ses prestations dans De rouille et d’os, The Immigrant ou Deux jours, une nuit, lui vaudront aussi une pluie de récompenses et de nominations prestigieuses. De Ridley Scott à Tim Burton, en passant par Woody Allen et Christopher Nolan, elle a tourné avec les plus grands. En 2016, elle a même été promue officière de l’ordre des Arts et faite la même année chevalière de la Légion d’honneur. Consécration.
Une carrière entamée dès son plus jeune âge. Fille de deux comédiens et professeurs d’art dramatique, Marion fait des débuts remarqués à 19 ans dans le film de Philippe Harel L'Histoire du garçon qui voulait qu'on l'embrasse mais c’est sa partition dans Taxi, produit par Luc Besson, dans lequel son personnage de Lili donne la réplique à Samy Naceri, qui va faire éclater sa notoriété et lui ouvrir en grand les portes du cinéma français.
C’est justement un autre petit génie de la comédie issu d’une grande famille du septième art que fréquente l’actrice durant ses jeunes années. Son nom de scène, Rassam, qu’il a emprunté à sa mère, évoque celui de Dimitri, son cousin. Si le fils de Carole Bouquet est connu pour son histoire d’amour passée avec Charlotte Casiraghi, c’est surtout un producteur à succès à qui l’on doit Les Trois Mousquetaires ou Le Comte de Monte-Cristo.
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Quant à ce jeune homme que l’on voit au bras de la jolie Marion dans cette deuxième moitié des années 90, il s’appelle en réalité Julien Langmann. Du nom de son père, Claude Langmann, que tout le monde connaît sous celui de Claude Berri. Julien a aussi un frère très connu, Thomas Langmann, qui a notamment produit The Artist. Des enfants de la balle donc, qui ont grandi sur les plateaux de tournage.
Julien Rassam n’échappe pas à son destin. Né 12 ans avant Marion Cotillard, en juin 1968, c’est un acteur prometteur. Au début des années 90, il tient son premier rôle dans Albert souffre, de Bruno Nuytten, et en 1992, sa prestation dans L'Accompagnatrice de Claude Miller lui vaut une nomination au César du meilleur espoir masculin. Rapidement cependant, les espoirs que le monde du cinéma nourrissent pour lui vont être douchés.
Rassam. Le nom de scène que Julien s’est choisi, s’il fleure bon la vie d’artiste, va rapidement devenir synonyme de tragédie. La longue série de drames débute en 1985 avec la mort de Jean-Pierre Rassam. Cette année-là, l’oncle de Julien, qui est aussi le père de Dimitri, succombe à une overdose médicamenteuse, conséquence d’une fin de vie marquée par les addictions. Il y a deux ans, dans le documentaire de Michel Denisot, intitulé La Saga Rassam-Berri, le cinéma dans les veines, Carole Bouquet n’en avait pas fait mystère. "Il prenait des produits, je pense qu'il a même pris devant moi, mais j'étais tellement fascinée par cet homme qu'à ce moment-là je n'ai rien vu", avait-elle confié.
Douze ans plus tard, c’est au tour de la sœur de Jean-Pierre, Anne-Marie Rassam, la mère de Julien, artiste fantasque qui souffre de troubles bipolaires, de trouver la mort dans d’horribles circonstances. En 1997, depuis l’appartement de la mère d’Isabelle Adjani où elle se trouve, elle se donne la mort en se jetant dans le vide depuis une fenêtre.
Bien qu’adulte, c’est un enfant dévasté par cette perte tragique qui partage la vie de Marion Cotillard. Un être en proie à la dépression, qui lutte contre ses démons intérieurs, et lui aussi, contre ses addictions. "Mon frère aîné Julien a pris les mêmes coups que moi et ne s'en est jamais remis", avait éludé Thomas Langmann en septembre 2014 dans les colonnes du Journal du Dimanche.
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Au bras de Marion, Julien trouve tout de même du réconfort. Dans Autoportrait, l’autobiographie qu’il avait publiée en 2003, Claude Berri avait qualifié l’histoire d’amour qu’avait vécue son fils avec l’actrice de "fusionnelle, intense et acharnée." Le célèbre réalisateur, disparu des suites d’un AVC en 2009 et dont la succession s'avère très problématique, avait conclu : "Qui aurait pu penser que leur histoire allait se terminer d’une façon si tragique ?"
Le 18 octobre 1998, les deux amoureux se retrouvent dans une chambre du troisième étage de l’Hôtel Raphaël, sublime palace situé à deux pas des Champs-Élysées, où séjourne Julien. C’est alors que l’impensable se produit. Ou plutôt se reproduit. Imitant le geste désespéré de sa mère l’année précédente, le jeune homme se précipite soudain par la fenêtre, sous les yeux horrifiés de Marion Cotillard.
Julien Rassam va survivre, mais rester paralysé des quatre membres. Tétraplégique, il est désormais prisonnier dans ce corps qu’il a voulu fuir. Le couple qu’il forme avec Marion Cotillard ne va pas résister à cette épreuve. Ils se séparent. Quatre ans plus tard, le 3 février 2002, le fils de Claude Berri quitte définitivement la scène, emporté, comme son oncle, par une surdose médicamenteuse…
Marion Cotillard n’évoquera jamais cet épisode douloureux de son existence. Quelques jours après la mort de son ex, au déjeuner des nommés aux César 2002, au Fouquet’s, elle donne le change, posant, léger sourire aux lèvres, aux côtés d’Hélène de Fougerolles, d’Isabelle Nanty et d’Audrey Tautou. La vie et le spectacle continuent, comme un baume sur les plaies de ces artistes cabossés. Deux ans plus tard, Claude Berri sort un film. Ce sera l’antépénultième de sa longue carrière. Intitulé L’un reste et l’autre part, il raconte l’histoire d’un homme dont le fils, victime d’un accident de moto, finit tétraplégique. Le nom de son personnage : Julien.
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